DOSSIER : PRÉCARITÉ DES ÉTUDIANTS

ANAIS FLEY (UEC) : « Ce que nous demandons, c’est vivre ! »

par Philippe Allienne
Publié le 22 novembre 2019 à 18:30

Pris au dépourvu après la tentative de suicide du jeune étudiant lyonnais, le gouvernement colle une rustine sur la précarité. Tout faux , répond l ’Union des étudiants communistes.

Non seulement la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, reproche la récupération faite autour de la tentative de suicide du jeune étudiant, mais en guise de réponse à la colère qui gonfle et à la mobilisation contre la précarité étudiante, elle propose de fausses mesures : la mise en place d’un numéro d’urgence d’ici la fin de l’année pour ceux qui sont en situation de précarité, et l’étendue de la trêve hivernale aux cités universitaires.

100 000 logements étudiants

Anaïs Fley, secrétaire nationale de l’UEC, n’y voit rien d’autre qu’un pansement sur une jambe de bois. « Ce que nous demandons, c’est vivre ! » s’écrie-t-elle. Indignée par le refus de la ministre d’augmenter les bourses, une revendication des organisations étudiantes, elle rappelle que ces dernières réclament aussi un budget vie étudiante, les moyens pour se soigner, la gratuité totale et pour tous de l’université, le doublement du budget consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche. « C’est ce que l’on entend régulièrement dans les AG de la part des étudiants les moins politisés ! »

Même chose pour le logement. L’UEC demande la création de 100 000 logements étudiants d’ici la fin du quinquennat. « Aujourd’hui , commente Anaïs Fley, les municipalités sont obligées de prendre le relais pour construire. Nous souhaitons pour notre part la nationalisation du parc privé ». Sur le plan de la santé, les étudiants communistes souhaitent un régime de sécurité sociale général qui ne réduise pas les droits. Ils proposent par ailleurs la création de centres de santé dotés de moyens suffisants dans toutes les universités. « Ces centres publics offriraient des services gynécologiques, des moyens de dépistage, etc ». Des crèches sur les campus universitaires sont également réclamées.

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Pour un revenu évolutif

Le gouvernement semble très loin de ces préoccupations. « Mais notre objectif n’est pas d’établir une liste de revendications à la Prévert », explique la responsable de l’UEC. Elle souligne fort justement que la précarité étudiante est d’autant plus insupportable que l’université est un pilier de notre démocratie. « Nous travaillons, nous faisons de la recherche, nous apportons de la richesse. Il n’est pas normal qu’un étudiant soit contraint de travailler pour boucler ses fins de mois. Le gouvernement devrait miser sur notre réussite. » Autre proposition, de taille, l’UEC suggère la création d’un revenu étudiant financé par les cotisations sociales via une nouvelle branche de la sécurité sociale. Au fil des études, le niveau évoluant, la rémunération devrait évoluer avec. On peut ainsi imaginer un smic pour les bacheliers et une augmentation conséquente du revenu pour les étudiants en master.