Discours de Karine Trottein, secrétaire départementale du PCF, à Malo-les-Bains le 27 août

"Ce n’est pas la retraite à point qu’il faut entendre, c’est la retraite en moins, la retraite plus loin !"

Publié le 30 août 2019 à 17:43

Bonjour à toutes et à tous, C’est une très grande joie pour moi que vous accueillir ici,à Malo les Bains, l’une des plus belles plages de notre littoral afin de fêter, tous ensemble, la 30 ème édition de notre journée à la mer, en faveur du droit aux vacances pour tous.

Alors, permettez-moi avant toute chose de remercier tous les militants communistes qui organisent et financent cette belle initiative. Avec une pensée particulière pour nos amis et camarades dunkerquois, Delphine Castelli, qui se mobilisent depuis des semaines pour préparer cette initiative et nous accueillir aujourd’hui.

Remercier également toutes les personnes qui animent, grâce à leur stand, cet espace du Kursaal, l’UL CGT, la JC, notre journal Liberté Hebdo, le collectif stop Tafta/Ceta, la Mutualité Française, l’association des amis de Martha Desrumaux, M. Marcel Croquefer pour son atelier de démonstration de l’utilité et de la fiabilité de l’hydrogène comme énergie d’avenir.

Je veux enfin saluer la présence parmi nous de M. Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, de Charles Beauchamp, président du groupe communiste et apparentés au département, des parlementaires Alain Bruneel, Michèle Gréaume, Éric Bocquet, Cathy Apourceau Poly, de Michelle Demessine, sénatrice honoraire, et Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français, d’Hervé Poly secrétaire de la fédération du PCF du Pas de Calais. Alors, puisque cette date anniversaire reflète le souhait des communistes du Nord de voir perdurer cette initiative à Malo reconduite chaque année depuis 1989, permettez-moi ce petit rappel historique.

Après la victoire du Front populaire aux élections législatives de mai 1936, les accords de Matignon prévoient une augmentation des salaires, la fixation d’un salaire minimal, la reconnaissance du droit syndical, l’existence de conventions collectives et l’institution de délégués du personnel.

Ces accords sont alors complétés par deux lois sociales historiques : la réduction du temps de travail à 40 heures et l’instauration d’un congé payé annuel de quatorze jours. Ce sont les premiers départs massifs (600 000 en 1936 et 1,8 million en 1937), c’est également l’essor des colonies de vacances. Le tourisme et les loisirs entrent dans la culture populaire. Partir en vacances devient un droit… Ce sont les luttes syndicales et politiques qui ont bel et bien permis d’arracher au patronat d’abord 2 puis 5 semaines de congés payés par an.

En 1998, sous l’impulsion du gouvernement de gauche plurielle, le droit aux vacances est reconnu comme droit fondamental. La loi relative à la lutte contre les exclusions stipule que « L’égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs constitue un objectif national. Il permet de garantir l’exercice effectif de la citoyenneté. » Notre volonté, à nous communistes, est de faire exister cette loi ailleurs que sur le papier. Car force est de constater que de plus en plus de nos concitoyens n’ont pas ou plus les moyens de partir en vacances. C’est le cas de 50 % des ouvriers selon une enquête de l’Observatoire des Inégalités en 2018.

Faire entrer dans la vie le droit aux vacances, c’est la raison d’être de cette journée de solidarité. C’est la raison d’être de nos combats pour augmenter les salaires, les pensions, les allocations, pour plus de justice fiscale, pour le rétablissement de l’ISF, la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, pour le prélèvement à la source des multinationales par exemple.

C’est la raison d’être de notre opposition à la politique et aux projets du président Macron, de son gouvernement, des députés et sénateurs qui le soutiennent. Je veux parler, entre autres, des retraites, sujet qui nous occupera dès la rentrée, de la casse des services publics ou encore de la santé. Depuis des mois et des mois, les hôpitaux publics sont en ébullition. Les médecins, les personnels de santé, des élus, les usagers tirent la sonnette d’alarme sur l’état de nos hôpitaux et plus généralement du système de santé. A cette heure-ci, plus de 200 services d’urgences sur les 520 que compte notre pays sont en grève. Il est grand temps de mettre en place un moratoire sur les fermetures des services et des lits dans les hôpitaux, mais aussi de créer les 10 000 emplois utiles et indispensables pour sortir l’Hôpital Public des difficultés et soulager les personnels qui n’en peuvent plus.

C’est l’objet de la pétition qui a circulé dans les bus, ce matin, mais qui est aussi disponible sur la table du PCF. Cette pétition, à l’initiative de notre député Alain Bruneel, a pour objectif d’atteindre le million de signature. Ce chiffre n’est pas anodin. Nous prenons au mot le Président de la République qui avait déclaré que si une pétition atteignait 1 millions de signatures, elle pourrait servir de base à une proposition de loi. Alors chiche M. Le Président. Notre santé est notre bien le plus précieux, elle n’est pas à vendre ! Nous relevons le défi !

Comme nous relevons le défi pour obtenir un référendum afin de stopper la privatisation d’ADP (aéroports de Paris). L’enjeu est très important. Ce n’est pas qu’une affaire « parisienne », d’aéroport « parisien »., c’est la possibilité qui est donnée au peuple de dire stop à cette politique de bradage des services publics, de privatisation, de vente de nos plus beaux atouts, d’abandon de notre souveraineté et de nos possibilités d’agir et d’influer sur des choix économiques et sociaux.

Ces choix politiques mis en œuvre depuis des années et accélérés aujourd’hui, nous les connaissons tous et nous les subissons tous. Les hausses du gaz et de l’électricité qui se succèdent depuis l’ouverture à la concurrence, la vente des barrages hydroélectriques, les fermetures de lignes TER, celles des bureaux de postes, celles prévues des perceptions qui vont intensifier la désertification de nos campagnes.

Tout ça relève de la même philosophie, des mêmes choix politiques que la privatisation d’ADP. Car ADP, c’est 4.5 milliards d’€ de chiffre d’affaire, 173 millions d’€ de dividendes versés à l’Etat en 2018, 6 600 hectares de fonciers et la première frontière de France. C’est une poule aux œufs d’or que le gouvernement et les parlementaires qui ont voté pour cette privatisation veulent livrer aux grands groupes privés comme SUEZ ou VINCI. Exactement comme cela s’est passé pour les sociétés d’autoroute. Résultats ? Plus de 20 % d’augmentation des tarifs en 10 ans pour les usagers, et 5 milliards d’euros annuels pour les actionnaires depuis 2005.

Avec le RIP, nous avons enfin la possibilité de nous exprimer sur cette politique de privatisation, et de dire NON, cette fois, à la privatisation des aéroports de Paris. Il faut 4.7 millions de signatures pour préserver ce bien commun. Plus de 660 000 ont déjà été recueillies. Il reste 7 mois pour y parvenir. Nous vous encourageons à vous en saisir.

Pour finir, un mot sur les retraites. Nous ne connaissons pas encore le contenu réel du projet gouvernemental. Mais ce que nous savons déjà de ses intentions nous alerte. Je résume en une phrase : Ce n’est pas la retraite à point qu’il faut entendre, c’est la retraite en moins, la retraite plus loin !

Le nouveau régime de retraites par points qu’ils concoctent va se traduire, si rien ne bouge, par :

  • Retraite plus loin avec un recul de l’âge de départ effectif à taux plein à 64 ans, sous peine de décote comme pour les complémentaires. Pour exemple, la mise en place d’un système par point en Suède a entrainé une baisse de 30% des pensions. En Allemagne le taux de pauvreté des plus de 65 ans est deux fois plus élevé qu’en France.
  • Retraite en moins avec baisse des pensions pour des centaines de milliers de retraités qui n’auront comme seule solution pour prétendre à une retraite décente, que de se tourner vers les fonds de pension ou l’‘épargne privée, s’ils en ont les moyens. Ce projet est une bombe sociale à retardement. Une injustice quand tant de retraités actuels vivent déjà dans la pauvreté ou en se privant de plus en plus. Une absurdité folle quand tant de jeunes sont aujourd’hui privés d’emplois et tant de séniors privés d’un retour à l’emploi à cause de leur âge.

Nous ne sommes pas pour le statu quo en matière de retraites. Oui le système est arrivé à bout de course et il faut réformer et avant tout son financement. Mais réformer dans le sens du progrès social, de l’égalité et de la justice. Retraite pleine et entière dès 60 ans, pension équivalente, au minimum, à 75 % du meilleur revenu d’activité, pas de pension inférieure au smic, voilà ce que nous proposons.

Et nous pouvons trouver l’argent. Un prélèvement sur les revenus financiers des entreprises et des banques, comme il en existe un sur les revenus du travail, rapporterait 34 milliards d’euros à la branche vieillesse de la sécurité sociale. Ce n’est qu’un exemple. Nous formulons des propositions précises et chiffres qui pourraient réunir entre 70 et 90 milliards d’euros de ressources supplémentaires.

D’importantes mobilisations se préparent pour la rentrée, dès le 24 septembre. Nous y serons nombreux. Pour contrer les projets néfastes du gouvernement et de ses alliés au Parlement, pour faire connaitre, mettre en débat nos propositions et notre ambition. J’en termine avec mon propos, mais avant de donner la parole à Fabien Roussel, je souhaite inviter l’ensemble des citoyens, des citoyennes, jeunes et moins jeunes, à prendre toute leur place dans ces combats nécessaires pour affronter et relever les défis que nous avons devant nous, apporter des réponses neuves aux urgences sociales, écologiques, démocratiques.

La fête de l’Humanité, des 13, 14 et 15 septembre prochain, sera l’occasion de grandes rencontres, de rassemblements, celui de la convergence de toutes ces luttes. Parce qu’unis et rassemblés, nous serons plus forts.

Pour l’Humain et la Planète d’Abord !

Je vous remercie.