PAROLES D'EXPAT'S.

Dominique, en vacances permanentes dans le Lot, demeure « une fille du Nord et des corons »

par Etienne Alain
Publié le 19 juillet 2019 à 16:57

D’abord économiques par la liquidation des grandes industries, les causes ont aujourd’hui évolué. On quitte toujours sa région pour espérer trouver du travail ail- leurs, mais aussi pour bâtir une nouvelle vie dans un autre monde. On trouve donc de plus en plus de retraités chez nos « expatriés », généralement bien intégrés dans leurs nouveaux milieux mais toujours attachés au « Nord ». Ici la vie est paisible... Dominique Crammer et Gérald Holvoët sont, depuis 2001, de ces retraités heureux qui ont longuement bâti leur projet pour habiter là où ils se sentent bien. Et là... il faut vouloir y aller pour trouver leur rue sans nom dans Milhac qui compte pourtant moins de deux cents habitants. Mais ça vaut le coup.

Ici la vie est paisible...

Après avoir découvert le coin durant des vacances, le couple y est revenu puis a acheté en 2005 un terrain disponible qu’il a fallu déboiser pour y construire en 2008 une maison de style local. Encore fallut-il attendre que Gérald soit en retraite, en 2011, pour y habiter. Couple remarié, chacun a revendu sa mai- son pour investir dans un mode de vie qui n’a rien à voir avec son existence antérieure. Gérald était dans le commerce et bougeait beaucoup. Dominique était enseignante de français et d’allemand en collège, militante syndicale à la FSU où elle fut secrétaire académique des PEGC (professeurs d’enseignement général de collège) et militante au Parti communiste français.

Ici elle s’implique toujours dans la vie sociale puisqu’elle est trésorière de l’an- tenne de Gourdon du Secours populaire et trésorière de la section du PCF. Elle trouve même le temps d’apprendre l’anglais à l’Université du temps libre de Sarlat ; et de jardiner, ce qui, ici, est naturel.

« La vie n’a rien à voir avec chez nous. Ici y’a pas des bagnoles partout, tu ne cours pas tout le temps. C’est paisible ». Et effectivement, dans ce département qui compte 20 % d’habitants de moins que Lille, on ferme rarement les portes, on mange souvent dehors, on flâne, on marche pas mal. Pour la balade mais aussi pour les champignons ou « pour le plaisir des pierres ».

Il est vrai que les maisons périgourdines ou quercynoises sont jolies avec leurs ocres chaleureux. Pour peu que vous y ajoutiez une piscine...

Et on peut se payer une piscine

Comment ça, une piscine ? Je suis tombé chez des riches ?! Ben non. « Là-haut, pour avoir une piscine correcte, il faut la couvrir, chauffer. Pas ici ». En outre la solidarité joue pas mal.

Un voisin agriculteur a toujours l’engin qui va bien pour creuser. L’entraide se pratique pas mal dans ce coin du Lot. Ça fait baisser les coûts. Alors OK, c’est pas très écolo. Mais c’est vrai que la France est le deuxième pays au monde pour le nombre de piscines (enterrées et hors sol), spas et saunas. 15 % des propriétaires dont 5,50 % gagnent moins de 1500 euros par mois et 42,20 % entre 1500 et 3000 euros par mois. Et ici les piscines sont utilisées au minimum de mai à octobre. Comment donc imaginer, dans ce coin de paradis, qu’on puisse avoir envie de « remonter ». « Je reste une fille du Nord. J’ai la terre de mon coron collée à mes semelles. On remonte voir les gens, les enfants, on passe les fêtes dans le Pas-de-Calais. J’y ai six frères et sœurs. Et puis je remonte parfois seule, deux, trois jours, pour le plaisir. »