Isabelle Choain, maire de Prouvy (59) :« Il faut y croire et aimer les gens, sinon autant faire de la confiture »

par Philippe Allienne
Publié le 23 août 2019 à 19:22

On ne se présente pas aux élections municipales par hasard, encore moins si l’on prêt à endosser l’écharpe de maire. C’est ce qu’a dû se dire Isabelle Choain lorsqu’elle s’est assise pour la première fois dans le fauteuil majoral de Prouvy (2 306 habitants). C’était en 2008. A 59 ans, cette maman de trois enfants achève son second mandat avec une pêche d’enfer. Son secret : le sens profond de l’engagement.

Engagée, c’est certain. Elle a 35 ans lorsqu’elle s’installe à Prouvy, en 1984. Pas pour vivre repliée sur son univers familial. Très vite, elle adhère à l’amicale laïque et participe activement à la vie associative de la commune. Un peu plus de dix ans plus tard, elle entre en politique aux côtés de Maurice Vandeville. Ce sont les élections municipales de 1995.

Treize ans plus tard, en 2008, elle se présente à la tête d’une liste de rassemblement. Aujourd’hui, elle a une expérience de près de douze ans à la tête de la municipalité tout en étant conseillère départementale. Avec toujours la même préoccupation : être utile. C’est aussi pour cela qu’elle s’est engagée auprès de l’association « Femmes solidaires » dont elle a été secrétaire départementale.

Pour ce second mandat, dont elle se dit satisfaite, elle a mis la priorité, avec son équipe, sur le cadre de vie, la sécurité, la jeunesse, la petite enfance et le logement. Concernant la petite enfance, par exemple, elle est fière d’avoir défendu l’achat de berceaux dans une crèche intercommunale.

« Des berceaux, ce sont des créneaux horaires, dit-t-elle. Six berceaux achetés, cela veut dire répondre aux besoins de 13 à 14 familles ». C’est qu’il faut savoir compter, surtout depuis la diminution des dotations d’ État. « Nous avons perdu 200 000 euros en quatre ans et nous en remboursons annuellement 40 000.

Alors, il faut faire des choix. Nous avons fait baisser le budget de fonctionnement sans que ce soit sur le dos des agents communaux. Pour que les services de la commune fonctionnent, il faut des gens, des salariés. » Alors, Prouvy a fait le choix de la mutualisation avec Valenciennes Métropole et en procédant à des achats groupés dans des domaines comme l’énergie, la téléphonie, la papeterie.

Autre raison d’être fière de son mandat, Isabelle Choain évoque avec satisfaction le réseau d’assistantes maternelles (RAM) qui a été mis en place il y a deux ans , avec du personnel qualifié. De la même façon, elle n’est pas peu fière du Lieu d’accueil de loisirs et de proximité (Lalp) lancé il y a également deux ans pour les jeunes de 11 à 17 ans.

Bien faire son travail d’élue avec, au bout du compte, un revenu inférieur au Smic si on le ramène au taux horaire demande de prendre beaucoup de hauteur face à la masse de travail. « Je dors avec mon téléphone et je suis disponible 7 jour sur 7. Avant de prendre ces responsabilités, je n’imaginais pas » , confie celle qui se consacre uniquement à ses mandats. Y croire et savoir résister face aux pressions, savoir garder le cap en toutes circonstances et connaître ses limites dans le cadre de la loi. C’est la recette que s’efforce d’appliquer Isabelle Choain.

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« Dans une commune, l’élu (e) de proximité est le premier maillon de la chaîne. Souvent, les gens viennent me voir non pas parce qu’ils sont persuadés que je vais régler leurs problèmes tout de suite, mais ils viennent pour parler, pour s’exprimer. Je ne suis pas assistante sociale. Mais j’ai conscience que mon rôle de maire exige que je sache écouter. Je ne trouve pas cela compliqué. Il suffit d’aimer les gens. » Evidemment, il n’est pas question de tricher, de présenter une double face. « J’ai besoin de me sentir utile », répète-t-elle. « Sinon, je rentre chez moi et je fais de la confiture ». D’ailleurs, elle en fait aussi.