2002 : le choc

Jacques Chirac, le rendez-vous raté avec l’histoire

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 28 septembre 2019 à 01:31 Mise à jour le 3 octobre 2019

Il a aussi mis fin au révisionnisme d’État en faisant reconnaître la responsabilité de Pétain et de l’appareil d’État français dans la déportation des juifs sous l’Occupation. Un acte majeur. Par contre quelle autre appréciation porter sur sa politique intérieure ? En 2002, lors du deuxième tour des élections présidentielles, il se retrouva face au candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen. Un sursaut démocratique et républicain national d’une ampleur exceptionnelle rassemblant la gauche et la droite démocratique le porta avec 82,21% des suffrages à la présidence. Mais que fit-il de ce mouvement en tout point historique ? A-t-il tiré la leçon de la montée du mécontentement populaire face à une mondialisation antisociale et ravageuse qu’il avait cautionné au cours de son premier mandat et qui porta l’extrême droite au deuxième tour balayant au passage le candidat socialiste n’incarnant plus l’espoir d’un vrai changement ? Non. Certes, tout au long de ce deuxième mandat, Jacques Chirac se comporta en démocrate et en républicain convaincu, mais il conduisit la politique intérieure au service prioritaire de la classe des possédants.

Pourtant, fort d’une telle aura républicaine, il aurait pu être l’homme qui, face aux causes de l’émergence de l’extrême droite, interpelle tous les acteurs du pays et provoque un grand débat démocratique sur le futur de la France. Il n’en sera rien. La loi d’airain du profit demeura l’alpha et l’omega de la gouvernance, continuant à paupériser des couches toujours plus grandes de la population, leur faisant perdre l’espoir d’une vie meilleure et la confiance en ceux qu’elles avaient portés aux responsabilités suprêmes. En 2002, Chirac a raté son rendez-vous avec l’histoire. Pour l’extrême droite française, 2002 a ouvert les portes d’un avenir.

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