British Steel

La douche écossaise de trop

par Philippe Allienne
Publié le 17 mai 2019 à 19:01

« Les fonds de l’Etat et de British Steel ont été versés hier [mercredi 15 mai] comme l’a indiqué le ministre Bruno Le Maire à l’Assemblée nationale. Maître Philippe Jeannerot, administrateur judiciaire d’Ascoval, confirme avoir reçu l’attestation de versement des fonds hier en fin de journée ».

Le communiqué de British Steel, ce jeudi 16 mai, se voulait rassurant. 20 M € (dont 15 M de l’Etat français et 5 du repreneur) ont bien été versés. « La prise d’effet de la reprise d’Ascoval par le groupe British Steel permet de mettre en œuvre le plan de développement prévu et de lancer les investissements nécessaires à la production de blooms ronds et carrés pour répondre au marché des produits longs (rails et fil machine) en Europe », poursuit le communiqué. Il n’empêche. Pour Nacim Bardi, délégué CGT à Ascoval, les derniers rebondissements, et l’annonce de la faillite du repreneur, sont inacceptables. Les salariés d’Ascoval ne peuvent admettre cette façon brutale de négocier de la part de leur repreneur. Après le feuilleton au centre duquel se trouvait le repreneur Altifort (qui a lâché prise le 27 février faute des fonds nécessaires), c’en est trop. « British Steel se livre à un bras de fer avec les pouvoir publics britanniques, mais du même coup, il nous a pris en otage. Comment peut-il parler de faillite alors qu’il affiche un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros ? » s’indigne le syndicaliste.

En fait, la reprise d’Ascoval par le britannique s’explique par le Brexit annoncé et des incertitudes que cela génère. Le sidérurgiste a donc intérêt à répartir ses billes et à produire en Europe continentale afin de ne pas payer de droits de douanes quand la sortie de la Grande-Bretagne sera effective. British Steel connaît par ailleurs des soucis au niveau d’un permis de droits à polluer, c’est-à-dire d’émission de CO2, accordé par l’Union européenne. Mais au moment de payer la note (138 millions d’euros au 1er mai), elle a demandé des aides publiques. Et elle en redemande encore. C’est que, sans le Brexit, le permis de polluer est gratuit.