POINT DE VUE

La fin de la traversée du désert ?

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 14 mai 2021 à 11:11 Mise à jour le 18 mai 2021

Les communistes ont décidé, dimanche dernier, de prendre part, ès qualité, à la bataille de la présidentielle 2022. Ils en étaient nominativement absents depuis 2007. Cette année-là, la candidate Marie-George Buffet fit un score qui leur laissa un goût amer (1,93 %).

Faire renaître la confiance et l’espoir

En 2012, leur désistement se fit au bénéfice de Jean-Luc Mélenchon dans le cadre d’un mouvement naissant : « Le Front de gauche  ». Il s’appuyait sur un programme élaboré en commun. En 2017, malgré des mésententes patentes, mais sous le coup de leur échec de 2007, ils se rangèrent derrière le leader de La France insoumise. Nombreux au sein du PCF se plaignirent de l’absence d’un accord programmatique préalable avec leur partenaire. D’autres pointèrent que l’absence d’exposition de leurs propres propositions aux deux dernières « présidentielles » avait conduit à un effacement puis à un affaiblissement de leur influence au plan national et local. Les dernières « municipales » ont en effet marqué un nouvel effritement. Mais paradoxalement, on a assisté à des reconquêtes voire des conquêtes de mairies par cette formation. Ces faits révèlent l’influence d’un parti qui, à travers l’action tous azimuts et de terrain de ses partisans, reste un « influenceur local » important. Est-ce pour tenter de mettre un terme à une longue traversée du désert électoral que les communistes ont décidé, à une très large majorité (82 %), de présenter un candidat à l’élection présidentielle 2022 au risque, disent certains, de diviser un peu plus la gauche ?

« Ouvrir une page inédite de notre histoire commune »

Interrogé sur ce thème chez TF1 puis chez BFMTV, Fabien Roussel a fait valoir que dans le contexte de la crise sanitaire, économique et humanitaire, la question majeure était moins celle du nombre de candidats à gauche que celle des propositions faites aux Français pour mettre un terme à « une politique néfaste » et promouvoir un avenir de progrès et faire ainsi « renaître la confiance et l’espoir  ». Fabien Roussel souhaite incarner la rupture avec un système où « un petit millier de milliardaires possèdent à eux seuls la richesse de la moitié du monde ». « Les inégalités sont si criantes, la crise est si grave qu’il nous faut ouvrir une page inédite de notre histoire commune, une page nouvelle dans l’histoire de la nation » a-t-il souligné. Il a fait part de ses intentions à l’égard du monde du travail et de la création mais aussi de la jeunesse. « Elle doit être la grande cause nationale de la prochaine mandature présidentielle » a-t-il insisté. « La jeunesse vit dans le moule d’un capitalisme qui n’a pas d’autre ambition pour elle que d’être son instrument au service de l’argent » a-t-il précisé. Il lui oppose un « pacte national pour la jeunesse ». Il vise « à la libérer d’un carcan étroit et égoïste, à lui rendre confiance en son avenir, à permettre à chaque jeune d’être autonome et libre des ses choix ». Pour Fabien Roussel, une jeunesse forte, c’est-a-dire hautement éduquée, hautement formée et autonome, c’est aussi la garantie d’avoir « une France forte face aux grands défis du XXIe siècle ». Parmi les objectifs fixés, et qui seront sans doute autant de thèmes de la campagne électorale, on trouve la construction de « la démocratie alimentaire pour permettre à chacun de manger sain et de manger bien ». « De l’agriculteur au consommateur, de la fourche à la fourchette, conjuguons nos savoir-faire et nos connaissances » a-t-il précisé révélant ainsi son intention de faire appel à la participation des citoyens dans l’élaboration de ce pacte où figure en bonne place « la valorisation du travail et la sécurisation des parcours professionnels ». En exposant aussi précisément les objectifs de son engagement présidentiel, Fabien Roussel espère influencer le contenu du futur débat national et se dégager des contingences électoralistes qui polarisent le débat. «  Je ne me résous pas au plan malsain d’une élection présidentielle figée dans un duo entre le président actuel et la candidate de l’extrême droite. Il aboutirait à reconduire ce que nous vivons depuis 2017 : un accroissement inouï des inégalités qu’engendre l’insatiable appât du gain d’une minorité. »