La retraite, c’est notre affaire

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 26 juillet 2019 à 14:07

Le rapport Delevoye sur la réforme des retraites est une véritable bombe à retardement.

Après plus d’un an et demi de rencontres, de débats, d’échanges, le haut-commissaire à la réforme des retraites a rendu ses conclusions. Cela n’a pas encore fait son effet auprès de la population. Il faut dire que c’est l’été, que l’affaire De Rugy a permis un grand déballage du grand n’importe quoi. Et la canicule maintenant annihile toutes velléités de réactions ou de ripostes. Un grand rendez-vous est déjà prévu à la rentrée avec l’appui de la CGT. La préparation de la bataille sera longue.

« Il va falloir expliquer, convaincre, dans tous les services, dans toutes les entreprises », confie un responsable fédéral de la CGT. Et le texte ne montre pas tous ses vices. Il reste encore à savoir comment et de quelle manière il sera décliné. Un long travail de communication est à l’oeuvre du côté du gouvernement. Les applaudissements du Medef donnent la mesure du recul qu’annonce ce futur plan de réformes des retraites.

Cette fois-ci, sous couvert d’uniformisation, les fonctionnaires sont touchés . Sans que la situation générale ne soit réellement améliorée. Pire, il est à craindre que la valeur du point, présentée comme égalitaire, soit déjà l’objet de discussions dans les instances patronales. La formule crypto-égalitaire d’un euro cotisé donnant les mêmes droits à tous, est déjà érodée par les allègements de cotisation au delà de dix mille euros de revenus. Agriculteurs et salariés à faible revenus risquent au contraire d’être confrontés à des niveaux de retraite définitivement faibles.

L’âge légal de départ est déjà attaqué puisque pour éviter toute décote, il est recommandé aux salariés nés après 1963 de partir à 64 ans, sous peine de perdre près de 10 % de retraite. La fragilité du système, en ne garantissant, ou en ne permettant une vision correcte ou une estimation, des taux de remplacement possibles, ouvre la voie à des régimes complémentaires, de capitalisation, aux mains des intérêts privés.Sous prétexte d’uniformisation, d’égalitarisme, on file vers une multitude de situations difficilement estimables à court terme et fragilisant encore les plus faibles.

Au lieu de permettre une évolution de la société vers de meilleures garanties pour la vieillesse, les arguments de conception ne reposent que sur le financement, sans poser les enjeux humains et de société. Avec l’entrée de plus en plus tardive dans la vie active, le chômage des plus de 50 ans qui ne retrouvent pas d’emploi, l’allongement de l’âge du départ en retraite apparaît comme un vrai non-sens d’un point de vue social et humain.

Vers le déclassement universel

Pour les députés communistes, les efforts doivent porter sur « un système de répartition fondé sur la solidarité entre générations avec des droits de haut niveau : la retraite universelle à 60 ans, le départ anticipé à 55 ans pour les carrières pénibles, et zéro retraite en dessous de 100 % du SMIC. »

Le financement pouvant en être largement assuré « par la création de nouveaux emplois, la mise en place de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, la fin des exonérations de cotisations sociales et la mise à contribution des revenus du capital. » Car c’est bien le capital, une fois de plus, qui est épargné dans cette histoire.