Nephrocare (Groupe Fresenius), à Maubeuge

Le harcèlement anti-syndical qui mène au burn out

par Philippe Allienne
Publié le 31 octobre 2019 à 16:51

À la direction de Nephrocare, spécialisé dans la dialyse, on ne plaisante pas avec les délégués syndicaux. On les combat jusqu’au harcèlement et le burn out s’il le faut. À Maubeuge, où se trouve l’un ces centres de Néphrocare France, Nadia Alouache en fait la cruelle expérience.

Ce lundi 28 octobre après-midi, les abords du commissariat de police d’Aulnoye-Aymeries étaient particulièrement animés.

Venus accompagner leur camarade Nadia Alouache, une déléguée syndicale du centre de dialyse Nephrocare de Maubeuge convoquée après une plainte de son employeur, de nombreux représentants syndicaux et politiques patientaient. Unions locales CGT de Maubeuge, Valenciennes, Aulnoye-Aymeries, Roubaix, représentants syndicaux du Centre hospitalier de Maubeuge et du CHU de Lille, USD Santé du Pas-de-Calais et du Nord, Fédération Santé Action sociale, et encore des représentants syndicaux de Vallourec, des Finances publiques, militants du PCF, etc.

« Je ne plierai pas » Qu’est-ce que qui a ainsi déterminé cette mobilisation ? Employée du Centre de dialyse Nephrocare de Maubeuge, Nadia Alouache a été au centre d’un mouvement de grève de grande ampleur au printemps 2018. Les grévistes n’ont pas trouvé de véritable interlocuteur chez leur employeur.

Marie-Hélène Bourlard, syndicaliste CGT, membre du PCF et ex-candidate aux élections régionales était présente pour soutenir Nadia Alouache.
© Philippe ALLIENNE

Bien au contraire. Au court d’une réunion, la déléguée s’entend dire par le directeur national : « Vous, je m’occuperai de vous après ! » Elle décide de porter plainte pour « menace et discrimination syndicale ». Mais de son côté, la direction de Nephrocare prend une décision analogue. Elle dépose une plainte contre son employée pour « propos mensongers et fausse attestation ».

Auditionnée ce 28 octobre par la brigade financière, elle en est ressortie une heure trente plus tard, fatiguée mais déterminée. Face à ses soutiens, elle a cité Jean Jaurès : « Je ne plierai pas, je ne m’en irai pas en silence. Je ne me soumettrai pas. Je ne me retournerai pas. Je ne me tairai pas. Le courage est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant. »

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Sauf que son long combat, qui n’est pas terminé, ne l’a pas laissée indemne. Elle dénonce des pressions de la part de ses dirigeants, de la discrimination syndicale, des délits d’entrave à ses mandats d’instance représentative du personnel, une opération de dénigrement de son syndicat la CGT, de l’intimidation, de la calomnie, etc. La liste est longue et les alertes qu’elle envoie à sa hiérarchie, à l’inspection du travail, à l’Agence régionale de santé et au médecin du travail ne changent rien. Fatiguée, à bout, elle est désormais en arrêt maladie pour « burn out ».

La veille même de sa convocation au commissariat d’Aulnoye Aymeries, Nadia Alouache avait encore été hospitalisée. Alors que Nephrocare affiche une volonté de « bien-être » pour ses employés et les patients, « la réalité est tout autre », constate-t-elle amèrement.