DOSSIER : DÉBAT SUR L’IMMIGRATION

TÉMOIGNAGE : Mamadou, débouté du droit d’asile mais régularisé

par Philippe Allienne
Publié le 11 octobre 2019 à 16:38

L’histoire de Mamadou [1] illustre les absurdités de la politique d’immigration. Arrivé dans le nord de la France il y a trois ans après avoir fui son pays, en Afrique subsaharienne, ce jeune lanceur d’alerte était menacé sur sa vie pour avoir révélé des affaires sensibles. L’Ofpra puis la Cour nationale du droit d’asile, qui statue en dernier recours, l’ont débouté de sa demande de droit d’asile.

Solidarité citoyenne

Dans le Nord, où il a trouvé une famille d’accueil, il s’est montré très actif en faisant du bénévolat pour des associations humanitaires. Pour répondre aux critères d’intégration, et bien qu’étant francophone, il s’est inscrit dans un cours de perfectionnement afin de mieux maîtriser la langue. Cela lui a offert la possibilité de s’inscrire à l’université et, au bout du compte, d’obtenir un titre de séjour d’un an renouvelable.

La solidarité a joué, mais avec les associations qui l’ont accompagné dans son inscription universitaire et qui, ensuite, l’ont aidé à remplir le formulaire de demande de titre de séjour auprès de la préfecture.

« J’ai d’abord obtenu un récépissé et il m’a fallu m’acquitter d’un timbre fiscal de 50 euros » ,dit-il. Quatre mois plus tard, après avoir franchi les obstacles administratifs et obtenu les rendez-vous nécessaires, il obtient le précieux sésame. Cette fois, le timbre fiscal s’élève à 559 euros et il faut le régler sans délai. Des amis lui ont avancé la somme.

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Un cercle de solidarité citoyen lui a permis de les rembourser. La solidarité citoyenne encore. Grâce à ce titre, il peut se déplacer sans craindre les contrôles policiers. C’est une épée de Damoclès qui disparaît. Mais il faudra recommencer dans un an, pour le renouvellement.

D’ici là, il peut rechercher un emploi puis un logement lorsqu’il aura un revenu. Pour l’instant, il est toujours en famille d’accueil. En pensant à sa famille restée au pays et au long parcours semé d’embûches qu’il a réalisé pour obtenir son titre de séjour, il pense douloureusement aux trois dernières années passées depuis son départ du pays natal. Il pense aussi à la déception après le rejet de sa demande de statut de réfugié.

« Si c’était à refaire, je choisirais l’exil vers un autre État africain. »

Notes :

[1Le nom a été changé