FÊTE DE l'HUMANITÉ

Plongée dans un rassemblement populaire et pétillant d’idées

par Ousmane Mbaye
Publié le 20 septembre 2019 à 19:19

« Pour la Fête de l’humanité, ce sera par ici ! ». Silhouette longiligne, casquette rouge vissée sur la tête et assortie à son gilet, le jeune agent d’accueil s’égosille gare du Bourget. Réquisitionnés pour l’occasion, les gilets rouges (à ne pas confondre avec les gilets jaunes) accueillent le flux innombrable des visiteurs qui se rendent à la Courneuve. Ils orientent, ils conseillent, ils tiennent bon face à cette déferlante humaine.

Sous une chaleur digne d’un mois d’août, les visiteurs se dirigent vers le bus de substitution « 133 ».En quelques minutes, il est « plein comme un œuf », certains n’hésitent pas à jouer des coudes pour s’ouvrir des espaces. D’autres préfèrent se faufiler discrètement entre les gens, dans l’espoir d’y avoir une place. Une fois à l’intérieur, les degrés montent et l’air devient irrespirable, faute de climatisation. La tension est palpable.

Hommage à Julien Lauprêtre
© Ousmane Mbaye

« Mondialisons la solidarité ! »

« Collés-serrés » , dans des positions peu confortables, parfois improbables, l’enthousiasme se lit malgré tout sur les visages. Les jeunes parlent avec les aînés, les camarades sont heureux de se retrouver et les touristes se familiarisent avec la population locale. Après vingt minutes de trajet, tous arrivent à bon port. Aux portes d’entrée, deux files. Une pour les détenteurs de « bracelets jaunes » (pass pour les trois jours de la fête), l’autre pour ceux qui doivent présenter leur billet d’invitation. Une fois la fouille « sécuritaire » passée, plus rien ne les retient pour une plongée dans la fête.

Dès les premiers pas, s’impose l’espace Julien Lauprêtre, dédié au charismatique président du Secours populaire français disparu le 26 avril dernier, à 93 ans). Une immense bâche bleue sert de support à la photo très grand format de Julien Lauprêtre, comme pour ne jamais oublier son engagement et ce célèbre slogan « Mondialisons la solidarité ! ».

Trump, Macron et Berlusconi

Il est dix heures du matin, les visiteurs garnissent timidement les grandes allées. Dans certains stands, on s’affaire à ajuster les derniers détails avant l’arrivée plus massive du public. Un grand panneau détaille les principales thématiques et l’itinéraire à emprunter. Et il y a du choix. Pêle-mêle on y trouve : l’Agora de l’Humanité, le village du livre, le village du sport ou encore l’espace enfance. À 11 heures, le philosophe Pierre Musso donne une conférence à l’Agora sur la comparaison faite dans son livre entre Trump, Macron et Berlusconi. Musso y explique la place de la culture d’entreprise et de l’anti-politique, il s’attarde sur la politique entre « télé et réel », entre « twitto et réel ». Passionnant.

A midi, le ventre gargouille. Il est l’heure de manger. La chaleur est écrasante et le monde se fait plus nombreux. Lunettes et casquettes sont de rigueur. On tombe les vestes pour se ventiler. L’odeur des merguez grillées fait saliver. Un des stands gastronomique marocains, propose entre autres des sandwichs merguez pour la modique somme de trois euros. Plus loin, au stand « village du monde », la gastronomie sénégalaise est à l’honneur. Attention, le mafé n’est pas donné. Huit euros et servi dans une petite assiette en plastique. Bah, c’est la fête de l’Huma !... La fête de l’Humanité, c’est de la politique, c’est du débat, c’est de la joie, c’est aussi du sport même pour les derniers des marathoniens. Le tracé est digne d’un parcours du combattant. Mieux vaut être en bonne forme, les jambes avalent des kilomètres. Avant le goûter de 16h pour la jeunesse venue en nombre, à « l’espace débats » Valérie Jones présente son livre sur l’affaire Mumia Abu Jamal. Elle a écrit à partir du témoignage de sa sœur Véronique Jones, témoin clé de l’affaire et décédée en 2013, un an après la sortie du livre au Etats-Unis. Une rencontre riche en émotions.

Merguez, mafé et... Dilma

À 18 heures, au terme d’une journée haletante au cours de laquelle on a eu le bonheur de croiser et d’écouter Dilma Roussef, l’ancienne président brésilienne, mais aussi de nombreuses autres personnalités du monde politique, social, culturel... on s’assoit pour un dernier débat animé par Marie Noëlle Bertrand. Présidente du Baam*, Héloïse Mary nous entretenait de la question climatique et la justice sociale. Avec à la clé : conflits et instabilités économiques, statut du réfugié climatique, etc. Une grande fête populaire, de nombreuses idées, des étoiles que l’on rallume pour construire un monde meilleur. C’est cela aussi, l’esprit de la fête de l’humanité.

par Ousmane Mbaye

par Ousmane Mbaye

par Ousmane Mbaye