Transports en commun

La grande inconnue

Déconfinement

par Justine Frémy
Publié le 7 mai 2020 à 12:32

À quelques jours seulement du déconfinement, et donc du retour des travailleurs et des écoliers dans les transports en commun, difficile de savoir quelles mesures vont être effectivement mises en place pour limiter la propagation du coronavirus. Exemple ici à Lille.

Les prémices du déconfinement commencent à se voir aux traces de peintures fraîches sur le bitume des rues lilloises. On a d’abord remarqué, en début de semaine, ces lignes jaunes pétard qui agrandissent la voie de bus et de vélo sur le boulevard Victor-Hugo. D’autres grands axes devraient suivre rapidement pour rendre la capitale des Flandres plus accueillante pour les deux roues. La Ville de Lille travaille en effet sur deux axes principaux : augmenter le nombre de bus en circulation pour réduire la densité de passagers et faciliter les modes de déplacements doux, pour les vélos et les piétons. L’objectif étant bien sûr d’assurer la distance sociale nécessaire pour éviter la propagation de l’épidémie lors du retour des travailleurs et des écoliers dans les transports.

Dans son discours à l’Assemblée, le 28 avril, Édouard Philippe a donné les grandes lignes du plan de déconfinement censé débuter le 11 mai. Parmi elles, la question des transports soulève autant d’interrogations que celles de la disponibilité des masques et du retour à l’école. Condamnation d’un siège sur deux dans les bus et métros, marquage au sol, port du masque obligatoire... les opérateurs sont invités à s’organiser pour faire appliquer ces recommandations sanitaires dans les transports en commun. Cependant, l’application de telles mesures paraît particulièrement complexe à mettre en place, notamment aux heures de pointe dans les grandes métropoles. La RATP a déjà affirmé qu’il lui serait impossible de le faire dans les transports de la capitale.

Comment gérer les flux de passagers ?

À Lille, on sait déjà qu’il est impossible d’augmenter le trafic dans le métro aux heures de pointe pour des raisons de sécurité, afin d’éviter qu’une rame ne percute celle qui la précède. Difficile également d’assurer la distanciation sociale sur des quais souvent bondés (on pense à ceux de la Gare Lille-Flandres...). Faudra-t-il donc filtrer le nombre de passagers à l’entrée du métro ou du bus ? Distribuer des masques ? Du gel hydroalcoolique ? Qui va s’en charger ? Comment assurer la protection des chauffeurs de bus, déjà soumis aux incivilités et aux agressions en temps normal ?

Comment vont réagir les passagers sommés d’attendre le bus d’après ? Et pour ceux qui pensent pouvoir se rabattre sur la voiture pour éviter les transports en commun, la réduction des voies de circulation pour laisser la place aux bus et aux vélos, ainsi que la suppression de certaines places de stationnement devant les magasins pour permettre d’organiser des files d’attente respectueuses de la distanciation sociale, risquent de rendre l’opération périlleuse.

C’est l’entreprise Ilévia qui exploite les transports en commun pour le compte de la Métropole européenne de Lille (MEL), en charge de l’organisation des transports urbains. La Ville de Lille nous a donc indiqué travailler activement avec la MEL et Ilévia pour déterminer les mesures adéquates. Mais, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à moins d’une semaine de la fin du confinement, Ilévia et la MEL ne se sont pas encore exprimées sur le sujet. Impossible donc de savoir concrètement ce qui va être mis en place. D’ici là, il ne nous reste donc plus qu’à enfourcher nos vélos...