DOSSIER : PRÉCARITÉ DES ÉTUDIANTS

Une proposition de loi pour améliorer le droit des livreurs à vélo

par SIMON AGNOLETTI
Publié le 22 novembre 2019 à 18:31

Deliveroo, Uber Eats... les coursiers à vélo sont de plus en nombreux à se déployer dans les centres-villes des métropoles, pour vous livrer au plus vite un repas commandé via l’application du même nom. Nouveaux cadres de travail, nouvelles plateformes d’emploi, les questions autour des applications sont nombreuses.

Si, à l’origine, les coursiers à vélo étaient des jeunes plutôt sportifs cherchant à allier travail et loisir, ce profil est de moins en moins répandu chez les livreurs. En cause, la rémunération qui s’est considérablement dégradée (passant de 14 euros de l’heure à 5 euros aujourd’hui + rétribution à la tâche). Le rêve de liberté et d’indépendance s’est quant à lui envolé. Le mythe de la possibilité d’allier plaisir et rémunération s’est détricoté petit à petit, conduisant les étudiants à cumuler de nombreuses heures de travail afin de répondre aux injonctions managériales, converties en « challenges » via l’application.

Seuls face à leurs téléphones, les étudiants entrent dans une spirale qui les pousse à faire de plus en plus d’heures pour conserver leur rémunération. Ainsi, les critères programmés d’un algorithme devant permettre de répondre au mieux aux besoins des clients et des travailleurs n’est aujourd’hui qu’une facette 2.0 d’un libéralisme cannibale qui n’a que faire des jeunes qu’il exploite.

Les étudiants passant de plus en plus d’heures à livrer ne peuvent plus se consacrer pleinement à leurs études, et c’est ainsi que nombre d’entre eux se retrouvent contraints de cumuler les heures de travail sans certitude de rémunération (puisque dépendant du nombre de clients) et dans le même temps, sans possibilité d’étudier.

Ce sujet n’a pas échappé aux deux sénateurs communistes Fabien Gay et Pascal Savoldelli qui ont organisé un tour de France des livreurs à vélo. De ces nombreuses rencontres, ils retirent une proposition de loi visant à garantir des droits sociaux pour les travailleurs des plates- formes numériques. Espérons à l’avenir que, s’ils doivent travailler pour financer leurs études, les livreurs pourront bénéficier d’un statut juridique qui leur garantisse les même droits que tout autre salarié.