Commission d’enquête

LR et LREM court-circuitent les députés communistes

par Philippe Allienne
Publié le 29 mai 2020 à 16:40

Les députés marcheurs s’allient aux républicains pour contrecarrer la proposition de commission d’enquête sur la gestion de la crise de Covid-19 déposée le 8 avril par le groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR).

Mardi 7 avril, les députés communistes avaient décidé de créer une commission d’enquête sur les dysfonctionnements dans la gestion sanitaire de la crise du coronavirus. Une proposition de résolution pour la création de cette commission avait été déposée dès le lendemain, dans le cadre de son droit de tirage, par le groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR). Depuis, ses élus se demandaient pourquoi les choses trainaient, d’autant que leur demande avait été jugée recevable. Récemment, ils apprenaient que la proposition était inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale du 27 mai. Sauf que la veille, à 20 h 30, les deux groupes LR et LREM, par la voix d’Éric Ciotti et de Richard Ferrand, ont annoncé qu’ils souhaitaient mettre une autre commission en place et qu’ils la dirigeraient. De fait, cela annule l’initiative des communistes. Techniquement, c’est Éric Ciotti qui ouvre les hostilités. Vice-président de la mission d’information sur la gestion de l’épidémie, il a demandé à ce que cette mission ait les pouvoirs d’une commission d’enquête. Et le président de cette mission, qui n’est autre que le marcheur Richard Ferrand, s’est empressé d’accepter. Il deviendra président de la commission et son allié LR Éric Ciotti en sera le rapporteur. Pour le groupe GDR, il s’agit là d’une « manœuvre grossière pour empêcher le travail parlementaire d’un groupe, indépendant de la majorité, sur la gestion de la pandémie dans notre pays ». Il devait poser la question ce 28 mai à l’Assemblée nationale. Dénonçant une future commission qui sera portée à la fois par le juge et les parties, le groupe d’opposition rappelle la « commission d’enquête au rabais » qui avait été créée lors de l’affaire Benalla et « qui avait sérieusement écorné l’image de l’Assemblée nationale ». Il y a huit semaines, lors du dépôt de la proposition de résolution par la GDR, son président André Chassaigne estimait que la mission d’information mise en place à l’Assemblée nationale ne sera pas à même de répondre aux questions posée sur les dysfonctionnements. « Je ne voudrais pas qu’au final, on exonère le gouvernement de toutes ses responsabilités », précisait-il. Pour sa part, le député communiste Sébastien Jumel n’hésitait pas à qualifier la mission d’information d’ « enfumage  ».