Photo d’illustration/Pixabay
Masque FFP2

Les errances du Haut Conseil de la santé publique

Publié le 11 février 2022 à 11:33

Dans son dernier billet, le collectif RogueESR (enseignement supérieur et recherche) s’attache à démontrer l’utilité du masque FFP2 et les dysfonctionnements des instances supposées éclairer la décision publique. 

RogueESR revient sur la grève des enseignants du 13 janvier et sur leurs revendications en matière de protection contre la pandémie de Covid. Quand on sait que la transmission de SARS-CoV-2 se fait par voie aérienne, il était logique de demander des masques FFP2, conçus pour la filtration des aérosols, rappelle le collectif. Or, le 10 janvier, le ministre de la Santé, Olivier Véran déclaré aux sénateurs : « On est assez loin d’après le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) d’étendre le FFP2 à d’autres catégories professionnelles. (…) Y compris d’ailleurs dans le milieu des soignants. [Le port du FFP2 sera réservé à ceux] qui sont aujourd’hui considérés comme à risque parce qu’exposés à des gouttelettes. » Ce faisant, M. Véran témoignait de son ignorance du fait que la transmission par voie d’aérosol ne vient pas de gouttelettes mais de particules virales environnées de protéines et suspendues dans l’air comme des particules de fumée. Du reste, le masque chirurgical est, lui, conçu pour protéger des « gouttelettes » de toux et parfaitement efficace dans ce cas. RoguesESR poursuit ainsi : « Aussi attendions-nous avec impatience la parution du rapport du Haut Conseil de la santé publique. Nous avons découvert à sa lecture qu’il ne prenait pas en compte la littérature scientifique fournie et solide montrant l’efficacité nettement supérieure des FFP2 pour filtrer des particules virales de 200 à 500 microns. L’avis a été mis en ligne début février, plus d’un mois après sa rédaction. Il repose sur un travail bibliographique non exhaustif et choisi pour valider des conclusions rigoureusement inverses à celles de la littérature scientifique. Il nous semble donc important d’établir une bibliographie conforme à la pratique scientifique, c’est-à-dire exhaustive, reposant sur des sources primaires, et traitant rationnellement de la résolution d’éventuelles controverses. Vous trouverez ci-dessous une réponse point à point aux éléments du rapport factuellement faux ainsi qu’une bibliographie commentée. » Pour le collectif, il serait important de savoir comment un comité de 22 personnes, aucune n’ayant de légitimité scientifique sur la transmission aéroportée de SARS-CoV-2, peut produire un travail pareillement dépourvu de rigueur et d’intégrité. RogueESR a réalisé un travail de fond important sur cette question. Il démonte aussi les arguments du HCSP. Par exemple, ce dernier estime que « le masque ne peut à lui seul réduire le risque de transmission ; il constitue une mesure parmi l’ensemble des mesures de protection à respecter (vaccination, hygiène des mains, ventilation des locaux, distanciation sociale, etc.) ». Voilà qui, pour le collectif, est stupéfiant. Se référant à la littérature scientifique, il explique au contraire que le masque FFP2, en usage réel, filtre trois fois mieux les particules virales que les masques chirurgicaux. En imaginant une situation où tout le monde porte de tels masques, le risque de transmission est abaissé par le carré du pouvoir de filtration, puisqu’il y a un effet à l’inhalation et à l’exhalaison. Il n’existe à ce jour aucun article prouvant que la transmission manuportée constitue une voie de transmission significative. L’introduction de l’hygiène des mains, pendant les premières semaines de l’épidémie, a été efficace contre la gastro-entérite mais n’a affecté la transmission de SARS-CoV-2 que marginalement. Aucune étude clinique, aucune étude en population réelle n’a montré un effet significatif de l’hygiène des mains dans la transmission du virus SARS-CoV-2, par ailleurs importante pour de nombreuses épidémies. Enfin, la vaccination a bien contribué à réduire la transmission jusqu’au variant Delta, mais ce n’est pratiquement plus le cas pour Omicron BA.1. Les vaccins dont nous disposons actuellement ont été conçus pour solliciter une bonne réponse immunitaire humorale qui, en faisant barrière à l’expansion des foyers infectieux dans les tissus, protège contre les formes graves de la maladie. En revanche, leur capacité à stimuler une réponse immunitaire mucosale, qui protège contre les infections asymptomatiques dans les voies respiratoires hautes et contre la contagion, n’a été évaluée que pour AstraZeneca, en phase III, avec des résultats mitigés. Autre affirmation du HCSP : « Il paraît difficilement envisageable de proposer le port d’un APR de type FFP2 aux enseignants, du fait de son inconfort sur la durée avec gêne respiratoire et du risque de perte de ses performances de filtration attendues lors de la parole et des mouvements. » Là encore, les chercheurs de RogueESR s’insurgent. Ils rappellent que des masques FFP2 ont été portés par des enseignants depuis deux ans, sans ressentir ni gêne respiratoire (conformément aux mesures de perte de charge), ni inconfort. Les « performances de filtration attendues lors de la parole et des mouvements » sont prises en compte dans les tests normatifs. Il est donc erroné de parler de « perte de ses performances » par rapport à ces normes de filtration. De la même façon, le collectif dément le HCSP quand il écrit qu’il « paraît illusoire d’organiser le contrôle et le respect des conditions d’utilisation optimale d’un tel masque, notamment la vérification de l’ajustement au visage lié au modèle et à la taille d’APR de type FFP2 mis à disposition ». « Les masques FFP2 sont beaucoup plus simples à porter correctement que les masques chirurgicaux, en modelant la barrette nasale » répond RogeESR.