Pour comprendre les enjeux

Le Brexit en débat

par Franck Jakubek
Publié le 8 avril 2019 à 16:41

Une initiative comme celle-ci, on voudrait pouvoir en prendre plus souvent. Grâce à Franck Marsal, président de l’association des lecteurs et amis de Liberté-Hebdo, et Delphine Castelli, responsable de la section communiste de Dunkerque Littoral, un débat a réuni une quarantaine de participants à la salle des Glacis le 26 mars.

Au menu, le Brexit, comme plat de résistance, mais pas seulement. La grève des douaniers, amplifiée par les négociations en cours, a été bien évoquée par Thierry Combas, responsable syndical CGT, qui souligna à de nombreuses reprises l’intérêt public de leurs missions. Un intérêt qui s’explique par les recettes que la profession permet de garantir à l’État, dans un contexte où la fraude et l’évasion fiscale coûtent énormément aux finances de la nation.

Mais les douanier agissent aussi pour la sécurité des personnes et des biens, tant par la vigilance apportée aux contrôles des flux, que pour juguler au mieux les trafics, pas seulement de drogues, d’armes ou de personnes, mais aussi de matières dangereuses ou alimentaires.

L’influence de la période Thatcher

Une frontière qui risque de s’étendre de « Bray-Dunes à Dieppe » voire Cherbourg même. S’ajoute en plus une absence de contrôle permanent chez les Belges et les Hollandais, laissant la France gérer seule pour le moment la question. Une des premières questions posées par le public porte sur les raisons ayant poussé le Royaume Uni à approuver un référendum pour quitter l’Europe. Pour Serge, économiste de formation et fin connaisseur des questions sociales en Grande-Bretagne, il y a bien une influence des années Thatcher sur ce choix.

L’Angleterre des années soixante et soixante dix est alors bien plus sociale que maintenant. Les syndicats ont obtenu des avancées plus sensibles qu’en France. Les années 80 vont effacer à grands coups de serpe libérale tous ces acquis sociaux, laissant depuis la population face à l’individualisme. Pour une grande partie de la population, « l’Europe » devient la responsable, le bouc émissaire de choix politiques violents, ce qui en justifie en partie le rejet.

Soutien des réactionnaires

Alors qu’en fait, l’Europe des traités ne se met en place que parce que les libéraux et la droite s’installent au pouvoir. Serge rappelle d’ailleurs que si Teresa May, Premier ministre britannique, s’accroche au pouvoir, malgré la démission des partisans du Brexit, c’est aussi parce qu’elle a le soutien des plus farouches réactionnaires. La sortie de l’Europe n’est pas forcément la solution comme l’ont démontré les Portugais en menant une politique ferme avec l’Europe et qui porte ses fruits au niveau national.

Il n’empêche que le trafic transmanche et la circulation des marchandises entre le continent et les îles britanniques ne lassent pas de poser des questions. Faute de grands ports sur la côte anglaise, les marchandises débarquent à Anvers pour ensuite remonter par la route via le tunnel sous la Manche.

La question des soins, de l’éducation, de l’emploi pour les citoyens britanniques vivant en France est également évoquée. Une alternative à la régression sociale et à la mise en concurrence des travailleurs existe dans la construction de relations plus importantes entre syndicats et organisations politiques pour permettre de remettre les questions sociales au premier plan. Difficile de rendre compte de la variété des questions et de la qualité des échanges lors du débat. Tous soulignent le danger d’enlisement que présente la situation britannique pour l’ensemble des questions soulevées.

Marin-pêcheurs, plaisanciers, dockers, syndicalistes et responsables associatifs étaient invités. Des Calaisiens ont fait le déplacement dont Virginie Quenez, avocate et élue d’opposition (PCF). Les militants d’Attac conviés étaient retenus par un rassemblement de soutien pour la militante blessée par un policier en pleine manifestation à Nice le samedi précédent.