Avec Chalvet, la conquête de la dignité, la réalisatrice martiniquaise Camille Manduech propose un troisième volet de La Martinique aux Martiniquais. Elle y revient sur la répression de Chalvet, zone rurale près de la commune de Basse-Pointe, au nord de la Martinique. Une marche d’ouvriers agricoles en grève y avait été impitoyablement réprimée en février 1974. Les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles. Quarante ans après, Camille Manduech donne la parole à plusieurs protagonistes dont des victimes de ce drame, aux ouvrières et ouvriers agricoles mais aussi aux gérants d’exploitation, aux policiers et aux militants d’extrême gauche de l’époque.
Dans La Départementalisation de Mayotte, un documentaire de 59 minutes de Mamaye Idriss et François Lathuillière, on découvre les dessous du référendum du 29 mars 2009, à l’issue duquel les Mahorais se sont prononcés majoritairement l’intégration départementale de leur île à la métropole. Les réalisateurs racontent comment ce projet fut présenté à la population pendant la campagne. Ils expliquent les changements entraînés par ce nouveau statut.
Au chapitre des rétrospectives proposées par le festival, on retiendra Aza Kivy, Étoile du matin (réalisé en 2020) où Nantenaina Lova se penche sur le combat de ceux qui luttent contre l’installation d’une gigantesque exploitation minière au sud-ouest de Madagascar. Aza Kivy signifie : « N’abandonnons pas. »
Autre rétro, proposée en fin de festival : West Indies ou les Nègres marrons de la liberté est une comédie musicale politique consacrée à l’histoire des Antilles. Tournée dans l’usine Citroën Javel désaffectée, un lieu symbolique de l’exploitation du prolétariat immigré, ce film est pamphlet contre la colonisation française et la misère qu’elle a durablement créée aux Antilles et en Afrique.
Dans le lot des réalisations régionales, soulignons aussi, parmi bien d’autres, la projection dimanche 18 juin à 14 heures, du dernier documentaire des Roubaisiens Leila Habchi et Benoît Prin : Pont Rompu, souvenirs d’une rénovation urbaine. Les spécialistes se souviendront que ces deux réalisateurs ont commencé à travailler au début des années 90 avec le film Exil à domicile qui racontait le destin de trois mères algériennes immigrées à Grande-Synthe, près de Dunkerque. Souvenirs, souvenirs.