© Amandine Bonifacio
9e circonscription du Pas-de-Calais

La gauche divisée

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 3 juin 2022 à 13:22 Mise à jour le 2 juin 2022

Candidats de la Nupes, Amandine Bonifacio et son suppléant Daniel Traché goûtent à leur première joute électorale dans une circonscription où la gauche part en ordre dispersé, mais conserve l’espoir de déloger Marguerite Deprez-Audebert (MoDem) de son siège de députée.

La Béthunoise Amandine Bonifacio a rejoint les rangs de la France insoumise « dès la création du parti en 2016 ». Cette jeune artiste créatrice de 31 ans se définit comme « humaniste ne supportant pas les injustices, le mépris et l’intolérance ». Quant à Daniel Traché, un retraité d’EDF de 59 ans, il fait de la lutte contre les privatisations du service public et « tout ce qui empêche l’émancipation des êtres humains » ses priorités. « On sent que les gens aspirent à un vrai changement. Ils expriment le désir que l’on s’occupe de leurs problèmes quotidiens », estime-t-il. Avec l’idée de « virer en tête dès le 1er tour », Amandine Bonifacio entend incarner cet espoir de renouveau sur les bancs de l’Assemblée nationale.

Saint-André sur la ligne de départ

Il lui faudra devancer Stéphane Saint-André, 58 ans, coprésident des Radicaux de gauche. Député de 2012 à 2017, l’ex-maire de Béthune s’était alors largement placé au service de la politique de régression sociale menée par François Hollande. À l’époque, sa permanence était régulièrement prise pour cible par l’UL CGT de Béthune. Il semble être revenu depuis sur des positions plus progressistes comme l’illustre son soutien à la candidature de Fabien Roussel lors de la présidentielle. « Nous ne sommes pas en dissidence puisque notre parti a été écarté de l’accord national qui a donné naissance à la Nupes. Il soutient cependant 400 de ses candidats dans l’Hexagone. Sur le plan local, j’ai demandé à rencontrer la LFI sans qu’il soit possible de se réunir autour d’une table », se lamente Stéphane Saint-André qui se dit globalement en accord avec le programme de la Nupes. Cependant, s’il revendique la construction d’« une Europe sociale », il rejette l’idée de « désobéissance » lui préférant la perspective d’une renégociation des traités « afin que les salariés européens s’y retrouvent ».

Le PCF dans l’expectative

Stéphane Saint-André aura pour suppléant le communiste Lucien Andriès. Maire honoraire de Lillers, ce retraité de la SNCF de 85 ans s’engage « à titre personnel, connaissant la force de conviction de Stéphane Saint-André qui a refusé l’investiture de la LREM, il y a cinq ans ». Comptant sur sa popularité dans le Lillérois, Il déplore que les candidats de la FI « ne soient pas connus dans le secteur ». Lucien Andriès revendique le soutien du PS et d’élus du département comme Frédéric Cuvillier, le maire de Boulogne-sur-Mer. « Le PCF du Béthunois n’a pas pris position. Les avis sont trop partagés. Pour ma part, je me mets en retrait », souligne Henri Tobo, l’un de ses animateurs. Si ce dernier se dit en phase « avec le programme de la Nupes », il regrette que « localement, il n’ait pas été permis de discuter des candidatures. Un binôme bicolore aurait été préférable à un duo 100 % LFI. Il aurait favorisé une dynamique unitaire ». Quant à Anne-Marie Deflandre, retraitée et candidate de Lutte ouvrière, elle invite « les travailleurs à se battre et à préparer, par la grève, une opposition ouvrière basée sur ses intérêts de classe, à l’opposé des démagogues d’extrême droite, qui divisent le monde ouvrier et dissimulent les responsabilités du grand patronat ».

La 9e circonscription regroupe les cantons de Béthune, Laventie et Lillers. 15 binômes sont en lice.