© Bastien Fanton d’Andon
5e circonscription

Une terre de gauche à reprendre

par Philippe Allienne
Publié le 3 juin 2022 à 13:30

Dans la 5e circonscription du Nord, qui englobe Seclin, Haubourdin, La Bassée (123 850 habitants), la Nupes présente le binôme Ophélie Delneste (LFI) et Michaël Godefroy (PCF) contre le député sortant (LR) Sébastien Huyghe. Pour mettre un terme à 20 ans de députation de droite UMP puis LR.

On se souvient des larmes de Martine Aubry, en juin 2002, lorsque le jeune clerc de notaire Sébastien Huygue arrachait la circonscription à la gauche socialiste. Après 40 ans de députation socialiste (Arthur Notebart, élu en décembre 1962 et qui a fait sept mandats, Denise Cacheux, Bernard Davoine et Martine Aubry), la cinquième circonscription passait à droite : deux mandats UMP et un mandat LR tous tenus par Sébastien Huygue. Ce dernier avait remporté l’élection de 2017 avec un score 55,42 % contre le récent macroniste (ex-PS) Guillaume Dekoninck. Pour les candidats investis par la Nupes, rien n’est impossible pour reprendre ce territoire. C’est ce qu’il disent inlassablement aux habitants en faisant du porte-à-porte. Ophélie Delneste, 27 ans, est seclinoise depuis deux ans. Elle est étudiante en histoire à l’Université de Lille et envisage une carrière d’archiviste. En tout cas, elle connaît l’histoire des réformes politiques de ces 15 dernières années. En 2006, elle était déjà sensibilisée contre le contrat première embauche (CPE). C’était alors sous Jacques Chirac. En 2017, elle s’engage en faveur de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Cinq ans plus tard, elle n’a rien lâché et la Nupes la galvanise. « La nouvelle union populaire est de nature à créer une nouvelle dynamique », estime-t-elle. Elle part dans cette élection avec pour suppléant Michaël Godefroy (48 ans), syndicaliste et ex-salarié de Cargill Haubourdin. Lui, le social, il connaît. Il était bien sûr aux premières loges de la lutte contre le PSE. Aujourd’hui, il a tourné la page. Mais le récent combat contre la direction de Cargill lui a beaucoup appris. « Il faut, dit-il par exemple, que l’État n’intervienne plus auprès de la Direccte dans les dossiers de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). » Les salariés de Cargill en savent quelque chose. Voilà un dossier que peuvent porter des élus de gauche. Plus généralement, dit-il, il faut veiller à ce que les usines se modernisent plutôt que d’être conduites à la fermeture. Sur la question de l’emploi, Ophélie Delneste est tout autant mobilisée. Elle pointe du doigt les entrepôts XXL qui se créent dans les Weppes. « À Marquillies, on artificialise des sols pour Heineken. Cela va créer des emplois précaires mais pas de nouveaux emplois. Et cela gêne les agriculteurs. » Les candidats s’érigent d’autre part contre des projets comme l’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin. « Une aberration du point de vue environnemental », s’indigne Ophélie Delneste. Concernant les transports, ils défendent une revalorisation de la SNCF pour les voyageurs, mais aussi pour le fret ferroviaire. Bien évidemment les questions de la santé, de l’éducation, etc. figurent dans leurs préoccupations. Les candidats Nupes se confrontent à sept autres binômes. C’est bien moins qu’en 2017 et l’extrême droite est cette fois très divisée puisqu’elle présente trois candidats (RN, Reconquête et Patriotes). Il y a cinq ans, Victor Catteau (RN) avait recueilli 18,49 % au premier tour. Cette fois, la donne est différente. Mais il faudra aussi tenir compte de la candidature du maire de La Bassée, Frédéric Cauderlier, qui part sous l’étiquette macroniste « Ensemble ! ». Le binôme Nupes se montre optimiste et joue à fond la campagne de terrain. En face, dit Ophélie Delneste, « le candidat LR donne dans la politique à l’ancienne en faisant du tourisme électoral et en en appelant aux maires locaux de son bord. Mais il est davantage un élu national qu’un élu local. D’ailleurs, ajoute-t-elle dans un sourire, ne vient-il pas de racheter une étude notariale à Paris ? » « De toute façon, appuie Michaël Godefroy, les gens ont envie de changement. Un virement à gauche de l’Assemblée nationale ferait beaucoup de bien à notre pays. »

Jeudi 9 juin 2022 à 18 h 30 : réunion publique à Haubourdin avec Julien Poix, Éric Bocquet et les candidats, LCR Jean-Monnet, avenue de l’Europe, quartier du parc, Haubourdin.