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L’appel de Martine Aubry à valider l’accord à gauche

Publié le 6 mai 2022 à 11:30

Dans un communiqué, la maire socialiste de Lille dit comprendre la déception pour les candidats du Parti socialiste qui ne pourront se présenter aux élections législatives. Mais elle a appelé son parti à valider le projet d’accord.

« À l’issue de l’élection présidentielle, j’étais d’accord comme la majorité des socialistes, pour que le Parti Socialiste engage des discussions avec la France Insoumise et l’ensemble de la gauche et des écologistes, pour chercher à réaliser un accord en vue des prochaines élections législatives. Cela se justifiait d’autant plus qu’Emmanuel Macron s’apprête à durcir sa politique libérale de régression sociale et d’inaction climatique, et que 42% des suffrages se sont portés sur l’extrême droite qui menace gravement notre démocratie et notre République. Les représentants du PS sont parvenus à une proposition d’accord. Je partage les propositions de justice sociale comme l’augmentation du pouvoir d’achat, la retraite à 60 ans pour tous ceux que le travail a usés, la défense des services publics, en particulier l’école et la santé, l’égalité hommes – femmes, le développement de la culture. Je soutiens évidemment les mesures en faveur d’une action résolue pour le climat, ainsi que pour plus de démocratie avec le renforcement des pouvoirs du parlement, le respect des corps intermédiaires (syndicats, associations) et l’intervention directe des citoyens... Chacun imagine que cet accord ne correspond pourtant pas en tout point à mes convictions profondes. J’ai des réserves majeures concernant l’Europe. Je suis profondément européenne. Pour les socialistes, notre engagement européen fait partie de notre ADN. Aussi critiquable que soit le fonctionnement actuel de l’Union Européenne qui a trop encouragé la libéralisation de l’économie et n’a pas protégé les plus fragiles exposés aux ravages de la mondialisation, la place de la France est et reste dans l’UE. La désobéissance aux traités et directives n’est pas une option. Leur révision pour plus de justice sociale et écologique, en revanche, doit être notre objectif. Nous devons le faire en nous battant à l’intérieur, notamment avec les pays qui sont gouvernés par une majorité de gauche.  Je suis consciente des limites de l’accord qui nous est proposé. Comme tout accord pour s’opposer à la droite et l’extrême-droite, il implique que chacun fasse des pas vers l’autre. Depuis trop longtemps à gauche, nous n’en avions plus l’habitude, décourageant beaucoup de celles et ceux qui plaçaient en nous leurs espoirs d’un avenir meilleur. Je sais ce qu’un tel accord peut représenter comme déception pour les candidat(e)s du Parti Socialiste qui préparaient leur candidature dans l’ensemble des circonscriptions du pays. J’entends également les interrogations de celles et ceux de nos militants qui craignent la remise en cause de certains engagements fondamentaux des socialistes. Je n’oublie pas comment notre candidate, Anne Hidalgo, a défendu avec courage et détermination nos convictions et nos valeurs. Cependant, les électeurs de gauche ont exprimé lors du premier tour des élections présidentielles, une forte aspiration au rassemblement et à l’unité. Ce message, il faut l’entendre.  C’est pourquoi, j’appelle les socialistes à valider cette proposition d’accord. Dans son histoire dont nous pouvons être fiers, le Parti Socialiste a souvent eu la responsabilité de faire le rassemblement et nous l’avons toujours fait dans le respect des identités de chacun de nos partenaires. Nous souhaitons qu’il en soit aujourd’hui ainsi. À ceux qui parmi nous s’inquiètent, je leur dis que le Parti Socialiste a encore beaucoup à proposer pour défendre cette belle idée du progrès, et d’abord en misant sur le travail et l’expérience de nos nombreux élus dans nos territoires qui, à la tête de leurs communes, départements ou régions, œuvrent chaque jour pour faire avancer la transition sociale, écologique et démocratique dont notre pays a besoin.  Pour celles et ceux d’entre nous qui mesurent encore à quel point certaines réformes lorsque nous étions au pouvoir se sont éloignées de nos valeurs, et ont sapé la confiance que les Français avaient en nous, je pense que le devoir du Parti Socialiste est désormais de se remettre au travail. Il doit engager sa reconstruction et la refondation de son projet pour une République sociale, écologique, démocratique et laïque.   Soyons au rendez-vous de ce que les femmes et les hommes de gauche attendent de nous et faisons tout pour que le plus grand nombre d’élus de gauche soient présents à l’Assemblée nationale pour barrer la voie au projet défendu par Emmanuel Macron et les candidat(e)s de la République en Marche. »