© Section PCF Hénin-Beaumont
Chez les Boyaux rouges du Pas-de-Calais

« Déçus, mais pas abattus »

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 14 avril 2022 à 21:26

Dans les fiefs du PCF, à Avion (12 %), Burbure (11 %) ou Grenay (10 %), Fabien Roussel obtient ses meilleurs scores. Compte tenu de l’énergie déployée sur le terrain, les militants communistes s’attendaient cependant à mieux. Ils se disent déçus, mais nullement abattus et surtout prêts à de nouveau battre la campagne.

Leur moral n’aurait pas été affecté par le résultat national de Fabien Roussel (2,3 %). « Par rapport à 2017, le PCF progresse puisque nous n’avions pas de candidat propre cette année-là. Ne pas en présenter à cette élection aurait signifié la fin du Parti. Nous étions menacés d’extinction et aurions été laminés », souligne Michel Moren (PCF Annay). « Nous avons bien fait de présenter un candidat. C’est l’une des conditions pour exister politiquement dans ce système présidentiel de la Ve République », commente l’Houdinois Daniel Dewalle. « Nous étions lucides. On va se remettre dans le bain tout de suite », assure Gianni Ranieri, le secrétaire du PCF d’Hénin-Beaumont.

Résultats faussés ?

Et Michel Moren de se féliciter de voir « le PCF renaître de ses cendres. Nous sommes de nouveau visibles avec un secrétaire général qui bénéficie d’une forte popularité ». « Notre candidat a été irréprochable. Il y a longtemps qu’on n’avait pas eu un gars comme ça, capable de faire passer nos messages », confirme René Hocq. Et le maire de Burbure de « regretter qu’à la fin de la campagne, les médias ont tout fait pour favoriser le vote utile, qui nous a porté préjudice. J’ai bien senti, lors des dix derniers jours, que ça ne bougeait pas dans le bon sens ». Même constat chez Gianni Ranieri qui pointe du doigt « les sondages qui faussent les résultats. Nous ne vivons plus en démocratie ».

Sans regrets

Quant au reproche qui est fait à Fabien Roussel de ne pas, sur la base des ultimes sondages, s’être désisté en faveur de Jean-Luc Mélenchon empêchant ce dernier d’atteindre le second tour, Michel Moren le balaye d’un revers de main : « Si Fabien s’était retiré, c’était la guerre au sein du Parti, avec des démissions en masse car la campagne n’a pas été de tout repos. Les militants de la France insoumise (FI) se sont déchaînés contre nos affiches, préservant celles de Zemmour. » « Dans mon entourage, des gens ont voté pour le PCF pour la première fois parce que c’était Fabien Roussel. Ils n’auraient pas voté Mélenchon. Aussi, additionner les deux résultats n’est pas un bon calcul », estime Daniel Dewalle.

Reconstruire la gauche

« L’union, je n’y suis pas opposé. Je n’ai rien contre la FI. En 2012 et 2017, nous soutenions d’ailleurs Mélenchon, mais celui-ci a voulu imposer son programme aux autres et n’a pas cherché à discuter avec les autres forces de gauche. Mélenchon porte la responsabilité de sa défaite », lance Gianni Ranieri. « Le rassemblement, Mélenchon aurait pu y travailler dès 2017. À l’époque, il était en position de force. Il a préféré adopter une logique hégémonique », constate Hervé Poly, le premier secrétaire de la Fédération du PCF du Pas-de-Calais. « Il faut désormais réfléchir à reconstruire la gauche. Elle ne pourra réussir que si elle est rassemblée », indique René Hocq.

Le vote Macron

Pour le second tour, pour tous, le mot d’ordre est clair : « Faire barrage à l’extrême droite ! » « On va en discuter en section. J’estime que 80 % des communistes iront mettre un bulletin Macron en se pinçant le nez et le reste s’abstiendra », commente Michel Moren. « Bien sûr que nous sommes en colère contre Macron, mais avec Le Pen au pouvoir, ça serait pire. L’idée, c’est de battre Le Pen à la présidentielle et Macron aux législatives », résume Daniel Dewalle. Gianni Ranieri est lui aussi décidé à mettre un bulletin Macron dans l’urne sauf « si j’ai le sentiment que Le Pen ne peut accéder à la présidence de la République, dans ce cas-là je m’abstiendrai ».