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Élections présidentielles

Des vétérans se souviennent

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 1er avril 2022 à 11:59

Vétérans du PCF, ils n’en sont pas à leur première mobilisation en vue d’une présidentielle. Tant Jean-Paul Courchelle, 75 ans, que Jean-Louis Fossier, 70 ans, conservent un souvenir ému de la campagne de 1969. À l’époque Jacques Duclos portait les espoirs du PCF.

« Nous avions mené une belle campagne. Jacques Duclos, c’était un personnage, un homme du peuple. J’ai conservé ses discours », sourit Jean-Louis Fossier qui vit désormais du côté de Vitry-en-Artois. Il a rejoint le Parti à la fin des années 1960 à la faveur du refus de la guerre du Vietnam. Même son de cloche du côté de Jean-Paul Courchelle. Jeune artisan, il adhère à la Jeunesse communiste « en 1967 ou 68. À l’époque, ça bouillonnait. Dans les troquets, on refaisait le monde ». Ce Barlinois appréciait « le côté franchouillard du candidat Duclos, son franc-parler et la justesse de son programme. Duclos venait d’un milieu rural ». Il obtiendra 21 % des voix.

La « trahison » du PS

L’autre campagne marquante à leurs yeux est celle de 1981 en soutien à Georges Marchais. « À Courrières, nous avions obtenu de très bons résultats. Nous étions allés à la rencontre des chômeurs faire la promotion du “produire français” revendiqué par le PCF. On nous a accusé d’utilisation frauduleuse du fichier des demandeurs d’emploi et de manipulation de masse ! À l’époque, notre section comptait 300 membres et sept cellules. Dans la mienne, on pensait vraiment que Marchais serait président » se souvient Jean-Louis. Il finira 4e du 1er tour avec 15 % des voix. « En 1981, on s’est rendu compte après coup que Marchais s’était laissé embobiner par Mitterrand. J’avais usé de la salive pour persuader d’anciens mineurs grévistes et victimes de la répression en 1948 de voter Mitterrand au second tour. Quand celui-ci a pris son tournant libéral en 1983, ils me l’ont reproché. Je n’osais plus aller les voir. On s’est senti trahi. Mais de cette déconvenue, on s’est enrichi », estime Jean-Paul.

Déclin électoral

Les années 1980 sonnent le début d’un recul sur le plan électoral. Lors de la présidentielle de 2002, Robert Hue ne pèse plus que 3 % des suffrages. Cinq ans plus tard, Marie-George Buffet n’atteint pas la barre des 2 % ! « On a vécu un basculement générationnel et idéologique. Il y a eu la chute du Mur de Berlin, le démantèlement de secteurs industriels. Nous avons aussi connu des dérives idéologiques avec Robert Hue », regrette Jean-Louis. Le chef de file de la « mutation » s’est depuis rallié à Macron…

Le renouveau ?

Aujourd’hui, Jean-Paul se prend pourtant à rêver de lendemains qui chantent avec la candidature de Fabien Roussel. « Nous avons été privés de candidats communistes durant deux élections. Il est plus motivant d’avoir son propre candidat que de marcher à l’ombre d’un autre. Qu’importe le résultat du scrutin du 10 avril, il y aura des suites », commente-t-il en louant « le côté rassembleur de Fabien. Tout comme Duclos jadis ». « Avec Roussel, le Parti revient à ses fondamentaux. Il parle au peuple. On a laissé trop de thématiques au Rassemblement national. On les reprend à notre compte même s’il faut assumer des contradictions », analyse Jean-Louis. Et ce dernier d’imaginer que « la personnalité forte de Fabien Roussel, à l’instar d’un Georges Marchais hier, joue en faveur du renouveau du Parti. Buffet ou Laurent étaient plus effacés. On a beau dire, un homme ou une femme capable d’incarner des idées, ça aide à les faire avancer ».