© Jacques Kmieciak
À Avion

Une ambiance digne de « Bollaert »

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 3 mars 2022 à 19:40 Mise à jour le 10 mars 2022

À Avion, « la belle, la rebelle », Fabien Roussel a entamé sa tournée de meetings dans le Nord-Pas-de-Calais. Elle se poursuivra à Valenciennes le 15 mars et à Lille le 7 avril.

Il est près de 19 heures ce jeudi 24 février quand une salve d’applaudissements accompagne la montée sur scène de l’« enfant du pays ». Fabien Roussel ne manque pas de saluer les élus et les dirigeants fédéraux assis au premier rang. Michelle Demessine, Éric Bocquet, Hervé Poly ou encore Karine Trottein font bloc autour de « leur » candidat à la présidentielle. Les drapeaux rouges se déploient par dizaines. Des « Fabien président » fusent. La salle Jorion est comble. 1 500 aficionados ont fait le déplacement. D’emblée Cathy Apourceau le compare à Rahan, le héros préhistorique de la BD éponyme. Non pas qu’il soit un homme du passé. Au contraire, aux yeux de la sénatrice, Fabien Roussel incarne la modernité à travers les valeurs de « courage, loyauté, générosité, ténacité et sagesse » qu’ils portent.

Création d’un CNR

Et d’aucuns d’imaginer que la dynamique qu’il a su impulser le conduise à la tête des candidats de gauche au soir du 10 avril. En tout cas, l’intéressé, lui, en émet la perspective. « Notre ambition est d’être la première force de gauche à l’issue du premier tour. Il faut y croire, moi j’y crois », martèle-t-il invitant ses hôtes à faire la chasse, avec bienveillance, aux anciens électeurs de gauche déçus par la politique droitière du social-libéral François Hollande. Il agite alors l’idée d’un Conseil national de la République. Un CNR, nouvelle mouture, à même d’imposer une logique unitaire à l’approche des législatives ? Paradoxalement, si Fabien Roussel n’a pas manqué de stigmatiser la Russie pour son intervention en Ukraine, c’est l’évocation de la politique hégémonique des États-Unis, sa volonté d’étendre l’Otan encore davantage à l’Est, qui suscitent davantage encore l’ire du public. Reprise en chœur par une foule enthousiaste, L’Internationale ponctue le meeting.

Martha au Panthéon ?

Fabien par ci, Fabien par là. Le natif de Béthune s’offre alors un bain de foule. Il pose avec ses supporters à l’instar de Maxime Deram et Virginie Quenez. Tous deux ont fait le déplacement du Calaisis. Ils comptent bien capitaliser autour de sa notoriété grandissante en vue des législatives. Pour d’autres, il s’agit simplement d’immortaliser un moment qui renvoie, pour les plus anciens, à l’époque de Georges Marchais. « Et en plus, il est beau ! » lance une fan, avant que le candidat des Jours heureux n’aille déguster une frite « de ch’Nord ». À proximité, au stand de la Fédération du PCF du Pas-de-Calais, on écoule, à prix bradés, un stock de bières aux effigies de Maurice Thorez, de Georges Marchais et bien sûr du « héros du jour ». La Jeunesse communiste déploie des tee-shirts aux couleurs de la Palestine ou à l’image du « Che » au nom d’une vision internationaliste du combat ouvrier. Un combat incarné en son temps par Martha Desrumaux. Salariée du textile dans le Nord, devenue députée à la Libération, elle « symbolise les luttes pour l’égalité salariale et sociale. Je la ferai rentrer au Panthéon », promet Fabien Roussel « au cœur d’une terre de lutte et de résistance », comme l’a décrite Jean-Marc Tellier, le maire d’Avion, « ville communiste depuis 1935 ».

Des spectateurs conquis

Cartés ou non, anciens comme jeunes, ils sont repartis gonflés à bloc du meeting de Fabien Roussel, bien décidés à intensifier la mobilisation en sa faveur.

> Marcel Levaillant, 78 ans, docker retraité, Calais :

Ça fait 60 ans que je milite au Parti et il y avait longtemps que je n’avais pas assisté à un tel meeting, ça remonte le moral. On a un sacré candidat. Au retour dans la voiture, on a décidé avec les camarades de coller au plus vite. Le lendemain à 5 h 30 du matin, on était sur le pont.

> Ludovic Skotarek, 39 ans, porteur d’un projet de création d’entreprise, Vermelles :

Ce meeting nous a boostés. C’est bien d’avoir un candidat dont le discours est clair et incisif. Ça peut donner l’envie à des anciens communistes de revenir chez nous ou à des « déçus de la gauche » de nous rejoindre.

> Isabelle Carré, retraitée du social, 78 ans, Villeneuve d’Ascq :

Il y avait du monde. J’espère seulement qu’étaient aussi présents des non cartés au PCF. C’était aussi le but : ne pas être dans l’entre-soi. Au cours de son intervention, j’aurais aimé que Fabien revienne sur la façon dont les déchets seront traités puisque le Parti a fait le choix du nucléaire.

> Lucas Panza, 18 ans, étudiant en histoire, Wimereux :

C’était mon premier meeting politique. J’étais extrêmement excité à l’idée d’y aller comme… un adolescent pour sa première boum. Je n’ai pas été déçu : la musique, les drapeaux ! Dans le bus au retour, les camarades étaient heureux, on plaisantait, on chantait…

> Edmond Bruneel, 72 ans, retraité de la Poste, Ramecourt :

La salle était remplie, ce n’est pas rien. Les gens étaient à l’écoute. J’ai amené avec moi deux amis anciennement socialistes. Ils ont applaudi à plusieurs reprises. Ils n’adhèreront sans doute pas au PCF, mais ils voteront pour Fabien. On sent qu’il existe une vraie dynamique autour de sa campagne. On n’a pas connu ça depuis longtemps.

> Gisèle Gori, 59 ans, professeure de lycée, Saint-Martin-Boulogne :

C’était très chouette et stimulant de retrouver des camarades ou de découvrir des visages de militants que l’on ne connaissait que virtuellement. Tout le monde a été bouleversé par ses propos introductifs sur l’Ukraine. Ils étaient nécessaires et bienvenus.

> Jérôme Robillart, 48 ans, formateur au métier de l’insertion, Divion :

C’était génial. Je n’ai rien à redire. J’ai aimé l’idée de la création d’un Conseil national de la République pour rassembler la Gauche. Elle montre que Fabien pense à l’« après » !

> David Wojdowski, sans emploi, 49 ans, Oignies :

J’ai apprécié à tous les niveaux. J’avais suivi ses meetings de Strasbourg et de Marseille sur le net. Je craignais qu’il ne dise la même chose. Pas du tout, il a adapté son discours à l’actualité internationale notamment. Ça m’a donné envie d’aller à Lille, le 7 avril prochain.

> Solange Lecat, 69 ans, retraitée, Aire-sur-la-Lys :

Je ne suis pas adhérente du PCF et c’est la première fois que j’assistais à un meeting. Auparavant, je votais pour Arlette Laguiller. J’ai retrouvé chez Fabien Roussel cette simplicité, cette pureté qui la caractérisaient. La fois dernière, j’avais voté Mélenchon. Cette fois-ci, je voterais certainement pour le candidat communiste.