AUCHEL

Une personne handicapée menacée d’expulsion

par Franck Jakubek
Publié le 28 octobre 2019 à 20:06 Mise à jour le 2 novembre 2019

La famille, composée de cinq personnes dont un mineur de douze ans, attend la visite de l’huissier ce mardi 29 octobre. Riverains, associations et politiques se mobilisent pour empêcher de mettre à la rue une famille à l’entrée de l’hiver. Un rassemblement de soutien est prévu dès 7 h mardi devant le domicile de la famille Picot, 120, Grande Rue (des corons) à Auchel.

Lundi, une première demande de référé pour surseoir à l’exécution du jugement en date du 17 avril a échoué. À 14 h se tenait une conférence de presse organisée par le Collectif de lutte contre les expulsions locatives et les coupures de fluides (la Clef).

Grâce à la mobilisation, la mairie a trouvé une solution de relogement

Monsieur Picot souffre de troubles respiratoires, un état qui l’oblige à devoir supporter une assistance nocturne en oxygène. Son état de santé lui interdit d’ailleurs une opération pourtant nécessaire pour une tumeur. Les revenus de la famille reposent sur l’allocation d’adulte handicapé et un reliquat d’allocations familiales pour le dernier qui n’a que douze ans. Soit 1 087 euros et 131 euros pour subvenir à tous les besoins de la famille.

Avec un loyer de 585 euros par mois, plus 15 euros de charges, difficile de faire la soudure chaque mois. «  On se débrouille comme on peut  » souffle le père de famille qui visiblement peine à contacter les associations. «  Dans bien des cas, nous sommes informés quand les procédures sont en cours » se désole Daniel Dewalle, qui, au nom du collectif, remue ciel et terre depuis dimanche pour trouver une solution et empêcher cette expulsion. Un cas malheureusement pas unique et, à quelques jours de la trêve hivernale, les procédures d’expulsion s’accélèrent.

«  Dès le premier impayé, il faut se signaler, demander de l’aide. Ne pas hésiter à demander de l’aide. Il peut y avoir une solution » confirme Jean-Claude Duriez, pour la Confédération syndicale des familles (CSF). Un voisin a pensé à donner ses coordonnées à Monsieur Picot qui ne connaissait pas l’association.

Au tribunal, devant le créancier, la famille s’est retrouvée seule, sans même avoir pensé à faire appel à un avocat. « Nous avons trouvé un certain nombre d’irrégularités  », signale le militant associatif, également membre du collectif. Un exemple ? Les charges, pour lesquelles une provision est versée chaque mois de 15 euros, sans aucune régularisation ni révision annuelle.

Un collectif appelle à soutenir ce mardi 29 octobre dès 7 h du matin une famille de cinq personnes menacée d’expulsion à Auchel dans le Pas-de-Calais

Pour Daniel Dewalle, effectivement, la situation aurait pu être évitée. Il trouve le logement très en-deçà de la valeur du loyer. « Le loyer pourrait être inférieur de 150 euros. La famille s’en sortirait mieux, calcule-t-il. Ils sont locataires depuis huit ans. Si on considère ces 150 euros en moins, c’est le propriétaire qui leur doit des sous ».

Autre travers du système, la suspension de l’APL à partir de deux impayés sanctionne le propriétaire une deuxième fois. « C’est une aberration de la loi. Du coup, le propriétaire ne touche plus rien et la dette s’aggrave  » explique-t-il avec bon sens.

La famille s’est vu proposer un accueil pour la mère et le fils mineur dans un foyer. Les deux autres garçons, majeurs, préféreraient accompagner leur père qui refuse cette solution pour ne pas abandonner ses chiens. « Du coup, mes garçons ne veulent pas que je sois seul à la rue  » souffle le père.

Rien que l’hébergement d’urgence pour la mère et la fille vont coûter à la collectivité plus de 1 000 euros. Une somme incroyable pour Daniel Dewalle qui estime qu’une restructuration de la dette est possible comme pour le loyer.

Du côté de la mairie d’Auchel, monsieur Picot a fait quelques démarches mais elle sont restées infructueuses. « Je suis allé les voir. J’ai vu Monsieur le Maire mais il m’a dit qu’il n’avait rien pour nous » confie le père de famille. Nous avons sollicité le maire qui ne nous a pas encore répondu à l’heure où nous publions cet article.

À la préfecture, si les services sont bien au courant, nous n’avons pas encore pu avoir de réponses à nos questions.