La CNL se revendique comme un outil de lutte
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Elections des représentants des locataires

Mauvaise organisation et participation en baisse

par Philippe Allienne et JACQUES KMIECIAK
Publié le 23 décembre 2022 à 07:56

Du 15 novembre au 15 décembre, les locataires du parc HLM votaient pour élire leurs représentants [1] dans les conseils d’administration de leur bailleurs sociaux. Mais ce 22 décembre le scrutin a dû être prolongé. les élus défendent les locataires sur leur quotidien : charges locatives, ascenseurs, chauffage, insalubrité des logements, manque d’entretien, services, charges excessives, hausse des loyers… Les candidats de la CNL (605 élus sortants lors des dernières élections en France métropolitaine et ultramarine) resteront très probablement en tête des élections des représentants pour cette mandature de quatre ans. Le président de la CNL déplore toutefois une mauvaise organisation et une information insuffisante qui, dans certains cas, a forcé le report du dépouillage. « Alors que je m’efforce à le demander depuis longtemps, dit-il, le gouvernement a refusé les spots à la télévision, les jugeant trop chers. » Dommage quand on sait que 11 millions d’habitants sont concernés. Par ailleurs, les bailleurs ont confié cette année la gestion des élections à un prestataire privé, Paragon, qui n’a pas été à la hauteur des enjeux. Le matériel de vote est arrivé souvent très tardivement dans les boîtes aux lettres des locataires. Il y a eu aussi des erreurs dans l’envoi des professions de foi. «  Une catastrophe technique », commente Eddie Jacquemart. Dans le Pas-de-Calais, le secrétaire départemental de la CNL Francis Gauthier, regrette une participation « très faible à hauteur de 15 %, l’Etat persistant à refuser de médiatiser ce scrutin ». Sur l’ensemble du territoire, le taux de participation s’élevait à 20% en 2014 pour tomber à 18% en 2018. Il continue à chuter cette année (13 à 14%). « Cela donne l’impression que ces élections n’intéressent pas le gouvernement et une bonne partie des bailleurs. C’est peut-être une façon de préparer leur suppression », craint Eddie Jacquemart. Pourtant, «  Réapprendre à voter dans les quartiers populaires pour les élections des locataires, c’est réapprendre le geste de vote y compris pour les élections politiques.  », commente-t-il. D’autant que pour voter, il n’a pas besoin d’être inscrit sur une liste. Le fait d’être locataire suffit. On notera d’ailleurs que « c’est une des élections qui permet aux personnes étrangères de voter. » Les enjeux sont pourtant de taille, observe Francis Gauthier. « La dégradation de la situation des locataires est catastrophique. Ces derniers payent les effets de la crise économique. Les locataires vont subir la hausse des prix de l’énergie, pas les bailleurs. » Même s’il convient volontiers qu’il «  est plus difficile aujourd’hui de mobiliser d’autant que les autres organisations de défense des locataires restent dans une logique de service à la personne. On a même parfois du mal à faire signer des pétitions contre l’augmentation des charges ». Parmi ses autres sujets de préoccupation : la privatisation du logement social : « Elle s’est accélérée sous Macron, avec la loi Elan de 2019. Nous sommes bouffés par les SA HLM, des bailleurs privés, des actionnaires qui ne voient que les dollars et considèrent les locataires comme des clients seulement bons à payer.  »

Notes :

[1Les associations de locataires présentant des candidats : CNL, CSCV, AFOC, CSF, CGL, INDESCOSA CGT, DAL, UNLI…