Marly

L’ultime salut à Fabien Thiémé

par Philippe Allienne
Publié le 10 janvier 2020 à 18:59 Mise à jour le 8 février 2021

ll n’était pas 9h, ce samedi 4 janvier. Devant les portes encore fermées de la salle Raymond-Dumont, à Marly, les habitants se pressaient déjà pour saluer une dernière fois leur maire Fabien Thiémé. Quatre heures plus tard, on aura estimé à environ 5 000 le nombre de personnes venues lui rendre hommage. Durant la cérémonie, la longue rangée du premier rang peinait presque à recevoir l’ensemble des personnalités : dirigeants communistes, élus, le représentant de l’État, le préfet Michel Lalande. Dans la foule, très nombreuse, assis ou debout, de nombreuses femmes et hommes en pleurs. Au fond de la salle, l’Orchestre d’Harmonie de Marly, sous la baguette de Thierry Huvelle, entame Peer Gynt, impressions du matin d’Edvard Grieg. Toute la cérémonie sera emprunte de beaucoup de dignité. Mais il y avait aussi de la grandeur et même de la noblesse, celle du « petit peuple » venu dire au revoir à l’ancien ouvrier communiste d’ANF. Sous le portrait géant et souriant de Fabien Thiémé, les prises de parole se sont enchaînées. « On peut dire que Fabien est mort au combat », a commencé Alain Bocquet, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale. « N’avait-il pas commencé l’année qui vient de s’achever comme l’un des premiers maires de France à ouvrir des cahiers de doléance, en avril, au moment des Gilets jaunes ? Pour la terminer il y a deux semaines en participant à la tête de la manifestation intersyndicale à Valenciennes pour le retrait de cette réforme socialement régressive de la retraite. C’est bien là la marque de fabrique de Fabien. L’ Humain d’abord » . Citant Martine Aubry, la maire de Lille, « il va manquer à ce que la politique a de plus noble ». Et Alain Bocquet d’ajouter : « Tu vas nous manquer dans les combats de demain. On ne t’entendra plus dire “Salut frère !” ». Ce “Salut frère”, dont était coutumier Fabien Thiémé, nombre d’orateurs n’ont pas manqué de le rappeler. Comme Charles Beauchamp, conseiller du Nord, qui n’oublie pas les longs moments passés au téléphone, tôt le matin, avec cet « élu de terrain et de proximité », « défenseur du monde du travail » et de l’industrie. Même le maire de Valenciennes , Laurent Degallaix , d’un autre bord politique, évoque le salut fraternel de celui qu’il appelait « Monsieur Plus ». Car une fois un dossier bouclé, il demandait toujours d’ajouter un élément parce que « c’est bon pour Marly » et « parce que cela fera tellement plaisir aux Marlisiens ». Michelle Demessine a évoqué le jeune délégué communiste du Nord, lors du 21ème congrès du PCF en 1974 et qui plus tard mettra sa puissance de travail et sa conviction au service de la solidarité, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, de la famille, de la jeunesse. Le préfet Lalande a honoré « la mémoire d’un très grand élu », « rassembleur », « fils d’une grande figure de la Résistance [qui] a consacré sa vie à défendre les valeurs de la République française ». De la grandeur, encore davantage, avec le premier mouvement de la Sonate au clair de lune de Beethoven. Et quand le cercueil, entouré de drapeaux tricolores portés par des vétérans, a quitté la salle sous les applaudissements, c’est l’Ave Verum Corpus de Mozart qui faisait vibrer les cœurs. Salut, frère !