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Réforme des retraites

Auxiliaires de vie : Trop dur pour travailler plus longtemps

par Philippe Allienne
Publié le 27 février 2023 à 12:00

Auxiliaire de vie depuis 25 ans, Virginie Réal travaille pour la Maison de l’Aide à Domicile (à Lille) une association loi de 1901 qui perçoit notamment des subventions du Département du Nord.

Le travail d’un ou d’une auxiliaire de vie est loin d’être de tout repos. La pénibilité, Virginie Réal sait de quoi il s’agit. « J’ai 45 ans, mais j’ai le squelette d’une personne de 70 ans. » Le « transfert » des personnes, c’est-à-dire l’aide physique que leur apportent les auxiliaires de vie pour les déplacer d’un endroit à l’autre du logis, explique pour l’essentiel les douleurs lombaires qui ne tardent pas à survenir. « C’est d’autant vrai que nous disposons peu ou pas du tout de matériel adapté. » Comme ses collègues, Virginie travaille au domicile des particuliers. Ce public est très divers : personnes âgées souffrant ou non de troubles cognitifs ou de maladie d’Alzheimer, personnes handicapées... malades schizophrènes. « Je suis même aidante pour une jeune personne paraplégique », dit-elle. Cela nécessite beaucoup de présence et de compétences. Or, les conditions de travail font que les auxiliaires ont de plus en plus souvent l’impression de ne pas faire correctement leur métier d’aidant, voir de générer de la maltraitance, en pleine contradiction avec leur mission. L’organisation des horaires est source de difficultés importantes. « Nous travaillons sur des prestations d’une demi-heure. Cela ne nous laisse pas le temps de bien remplir nos tâches. » Les tâches le matin : aider la personne à se lever, procéder à sa toilette, s’occuper de son petit-déjeuner et de sa prise de médicaments. De nombreux planning sont trop fragmentés, laissant des plages mortes entre les séquences de travail et générant une organisation fatigante et coûteuse en matière de transport. « Pour toutes ces raisons, explique Virginie, je ne me vois vraiment pas travailler jusqu’à 64 ans. » D’autant qu’aux tâches requises peuvent s’en ajouter d’autres. « Je n’ai pas à m’occuper des tâches ménagères. Pourtant, il m’arrive de passer le balai. De la même manière, il se peut que, parce qu’une infirmière à domicile est débordée, je fasse un pansement. » 64 ans est une perspective décidément trop lointaine. « Mais j’ai fait ma simulation. Dans la perspective où la contre-réforme passe, il me faut travailler jusqu’à 69 ans pour toucher une retraite de 970 euros brut ! » La raison ? Du temps partiel et un congé parental de trois ans. Virginie est déléguée syndicale à la CGT. Elle connaît bien la question et le sort qui touche les auxiliaires célibataires. « Ce sont des femmes à 95 %. Lorsqu’elles sont seules et mamans, c’est particulièrement dur. » Face à un gouvernement qui fait la sourde oreille aux revendications, elle est bien décidée à descendre dans la rue ce 7 mars. « J’ai fait deux jours de grèves sur les trois qui ont eu lieu. Mes collègues s’arrangent pour ne pas trop affecter leur salaire. Le 7, certaines porteront un brassard noir. En tout cas, il n’est pas question de lâcher. S’il faut aller au blocage, nous irons. »

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