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Dans les rues pour que leur vie ne soit pas une marchandise !

par Philippe Allienne
Publié le 24 mars 2023 à 15:06

Malgré des méfaits policiers injustifiés et inacceptables, la journée du 23 mars a été plus puissante encore que les précédentes. Un décompte incomplet indiquait une participation supérieure à 3 millions de manifestants en France. Elle est la réponse faite par les salariés du public et du privé aux propos d’un président plus isolé que jamais.

Que le président Macron se le dise, celles et ceux qui se battent pour leurs droits ne sont pas des factieux que la police peut se permettre de réprimer. Les manifestations de jeudi l’ont clairement montré. Un public diversifié, motivé et avec encore des « primo manifestants » et de nombreux jeunes. Cela n’a pas empêché la police de charger et de gazer en s’en prenant particulièrement, à la Lille, à la CGT en tête de cortège avant de généraliser ses tirs. Cela n’a pas empêché les opposants à la loi de dénoncer le passage en force du texte. La question de la démocratie revient souvent. « La foule et le peuple, on va te rappeler ce que c’est la démocratie ! » a-t-on entendu. Ou encore : « Pour une démocratie sans borne », « Puisqu’on vous dit que ça ne marche pas. Démocratie not found. Macron imposteur, retire ta loi et casse toi ! »

L’utilisation abusive du 49.3, le rejet des motions de censure, la répression policière et l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron ont profondément attisé la colère et la détermination des Français. En tout cas, à la veille de la mobilisation de ce jeudi 23 mars, tous les acteurs syndicaux du mouvement social, les associations et les élus de gauche appelaient et attendaient des rassemblements très massifs. Les blocages constatés, les nombreux rassemblements et manifestations spontanés qui ont lieu depuis une semaine vont en ce sens. Jeudi, les manifestants clamaient leur légitimité et fustigeaient le président des riches. Ils appelaient aussi à un référendum.

C’est aussi ce qu’ont fait 252 parlement aires de gauche qui réclament l’organisation d’un référendum d’initiative partagée. La demande a été déposée auprès du Conseil constitutionnel. Certes, cette procédure est longue. Le Conseil constitutionnel doit vérifier la recevabilité de la demande. Si la réponse est positive, il faudra recueillir, dans un délai de neuf mois, le soutien de 10 % au moins du corps électoral, soit 4,87 millions d’électeurs. Il semble toutefois que, même si le Conseil constitutionnel permet le lancement de la procédure, il n’est pas acquis que l’application de la loi soit suspendue durant les neuf mois suivants. Par conséquent, la seule arme qui reste pour l’instant n’est autre que la mobilisation populaire.

Élue d’opposition à la Région et cheminote, Héloïse Dhalluin a été victime d’un usage disproportionné de la force lors d’une manifestation ce lundi 20 mars. Elle a porté plainte.
© Marc DUBOIS
La force pour briser le mouvement Depuis l’adoption de la réforme des retraites par le Parlement, les forces de l’ordre répriment les manifestations spontanées. Nasses, grenades d’encerclement, coups, interpellations. Lundi 20 mars, c’est une élue du conseil régional et militante CGT, Héloïse Dhalluin, qui a été victime d’un acte de violence gratuit. Alors qu’elle tentait, place de la République à Lille, de dialoguer avec les policiers, l’un d’entre eux l’a projetée et plaquée au sol en l’invectivant. Elle a décidé de porter plainte. Depuis le 16 mars, les militants des jeunesses communistes se sentent particulièrement visés. « Ce soir-là, la police nous a fait tourner en rond, nous a séparés du reste du cortège et nous a gazés avant de s’en prendre aux autres manifestants » raconte Pierre Verquin secrétaire fédéral. « On essaie de nous terroriser pour nous empêcher de manifester. C’est une attaque politique. »

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Hauts-de-France