Les communistes des Hauts-de-France et le grand débat

« La montagne n’a même pas accouché d’une souris »

par Franck Jakubek
Publié le 12 avril 2019 à 14:32 Mise à jour le 14 avril 2019

Dans un cycle de mobilisation où les Gilets jaunes, en plus des mouvements sociaux, en sont à 22 semaines d’action, le gouvernement a livré ses conclusions sur le grand débat national. Voici une partie des réactions des premiers secrétaires des cinq fédérations des Hauts-de-France du PCF.

Au delà du débat national, les préoccupations populaires restent insatisfaites. « Le président fait ce qui lui est favorable, en fonction du rapport de forces, commente le premier secrétaire du Pas-de-Calais, Hervé Poly. A Avion, le maire l’avait invité. Comme il n’est pas venu, un déjeuner avec les gilets jaunes a été organisé sur un rond-point à Eleu-dit-Leauwette, à proximité de Lens. » Un geste apprécié d’autant plus que Macron donne l’impression de chercher à gagner du temps. «  Ils jouent la montre  » pense Thierry Aury, secrétaire fédéral de l’Oise. «  Le Premier ministre fait quelques grandes envolées lyriques et renvoie à plus tard - après les élections européennes ?-et au seul Président de la République, le soin de formuler des propositions concrètes ».

Questions écartées

Un débat qui laisse un goût acide à beaucoup de Français, « Je trouve scandaleux que les journalistes commencent leurs commentaires par ‘’les Français ont dit’’. Non ! Ce qu’ont dit les Français n’est pas évoqué, ni retenu dans les conclusions du débat , pas un mot sur la nécessité de préserver l’emploi industriel, rien sur les services publics, rien sur la justice fiscale, » énumère Jacky Hénin, secrétaire départemental du PCF pour la Somme.

Un samedi de mobilisation à Lille, lors de l’acte 9 des gilets jaunes. Photo Marc Dubois

«  Ils ne sont pas coupés du réel, mais le niveau de mépris et de condescendance est au maximum. » s’indigne Hervé Poly. « Pendant cette période, nous avons eu droit à un festival de « stand-up » qui a coûté 12 millions d’euros aux contribuables. Sans parler du temps de parole qui devrait être pris sur celui de la campagne des européennes » pour Aurélien Gall, secrétaire de la fédération de l’Aisne. « La fracture grandit entre citoyens et gouvernants, et la défiance également », s’inquiète Karine Trottein, responsable de la fédération du Nord. « Nous avons fait des réunions publiques, avec les sections, les maires, les élus. Nos députés, Alain Bruneel, Fabien Roussel, et Michelle Gréaume, sénatrice, en ont organisé. »

«  Nous sommes allés dans les réunions du débat national, pour intervenir, mais aussi pour écouter. Et ce n’est pas passé comme ça. Les questions essentielles ont été écartées du compte rendu » déplore Aurélien Gall. « Le plus important, les questions relatives à la santé, à la dépendance, à l’accès aux soins, tout ce qui est envisagé dans la future ‘’réforme’’ de la santé, sont laissés de côté. » s’indigne Karine Trottein. Personne n’est dupe de la «  mascarade  » et, commente Jacky Hénin :«  c’est la triple peine pour tous ceux qui habitent à la campagne : vous payez le carburant plus cher, les services publics disparaissent progressivement et en plus, vous devez payer plus d’impôts locaux pour installer des maisons de santé ». Un avis partagé aussi par Karine Trottein : « Sur le prix de l’essence, Ian Brossat l’a rappelé très clairement sur France 2 le 4 avril, nous sommes pour la fiscalité mais que les petits paient petit et les gros paient gros. Là, c’est directement l’ouvrier qui paie. Il n’y rien pour le fret ferroviaire, on ne revient pas sur les taxes pour le kérosène ».

Jeu avec le feu

Les raisons ne manquent donc pas de se mobiliser pour faire gagner des voix à la liste communiste pour les européennes, « pour que se concrétise un changement radical tournant le dos aux politiques libérales et austéritaires », encourage Thierry Aury. Hervé Poly pense qu’un vrai mouvement populaire prend forme mais «  tous les ingrédients sont réunis pour rendre la situation explosive », déplore Jacky Hénin. Le RN, ex-FN, qui pensait tirer son épingle du jeu en est semble-t-il pour ses frais, mais personne ne peut prédire l’évolution de la situation. Les mesures de répression ou les tentatives pour faire taire le peuple ne peuvent qu’amplifier la colère. L’interdiction de manifester dans les centres villes samedi est de cet ordre. Le rôle du président est d’apaiser la situation pas de jouer avec le feu.

par Franck Jakubek