CAMBRAI

Les Gilets jaunes en quête de renouveau

par Lecocq Dylan
Publié le 28 décembre 2018 à 10:17 Mise à jour le 10 janvier 2019

À Cambrai, les Gilets jaunes se cherchent un second souffle et ont cherché à montrer qu’ils existent encore, malgré le démontage de leurs emplacements à Petit-Fontaine et à Caudry par la police. Ce 23 décembre, la veille du réveillon, le pari pouvait sembler osé. Mais il a été relevé avec panache.

Au contraire des Gilets Jaunes réunis la veille à Paris qui ont joué à cache-cache avec la police, les Cambrésiens ont défilé lors d’une manifestation légale et déposée à la sous-préfecture. Trois personnes sont les organisateurs de cette marche qui se veut « pacifique et visant à remobiliser les Gilets jaunes du Cambrésis  », avance Carole Lecouvez, une des initiatrices de cette manifestation dominicale.

Pour cette travailleuse sociale, mobilisée depuis le 17 novembre, le mouvement doit continuer face aux promesses d’illusionniste du pensionnaire de l’Élysée. Dans les rangs de la manifestation, où l’on chante la Marseillaise, les Corons ou l’Internationale, on parle du besoin d’augmenter le SMIC, de reprendre la main sur un pouvoir qui semble confisqué aux citoyens notamment avec le referendum d’initiative citoyenne (RIC), de la protection du service public. Mais surtout d’un ras-le-bol général, qui a vu la menace de surtaxation de l’essence être l’étincelle qui a embrasé la France, un ras-le-bol qu’évoque entre autres Pascale Mâati, conductrice de taxi et soutien aux Gilets jaunes mobilisés qui évoque le mépris perpétuel que ressentent les gens face aux discours du Jupiter de l’Élysée. Tandis que le cortège connaît un petit flottement, certains souhaitant changer de trajet pour aller à la sous-préfecture (vide ce dimanche-là), Carole et les deux autres organisateurs, Maxime Bouvet et Alexandre Batigny, convainquent la grande majorité des gens de suivre le trajet initial et d’aller investir la Grand place, devant l’Hôtel de Ville, afin d’être vus des gens.

A Cambrai le 23 décembre. (Photos Dylan Lecocq)

Maxime qui évoque les « décennies de galère  » qui touchent « les travailleurs, les chômeurs, les étudiants » et qui lutte depuis le premier jour. Défenseur du fameux référendum d’initiative citoyenne, il en perçoit certaines limites en admettant que « si Macron propose le RIC, il va tenter de le détourner à son avantage  » et défend aussi la nécessité de « faire payer la transition écologique aux vrais pollueurs, les grosses industries qui polluent bien plus que les citoyens ordinaires  ». Arrivés devant la mairie, les Gilets jaunes chantent ; des passants les applaudissent. On commence à prévoir la suite et on se sépare. Une manifestation bon enfant, pacifique et calme. Plus de 400 personnes dans le cortège, une réussite pour cette première marche des Gilets jaunes du Cambrésis.

Dans le cortège désormais éclaté, on retrouve Benoît Maréchal, professeur d’histoire-géographie et membre de l’UL CGT de Cambrai, qui analyse le mouvement des Gilets jaunes dans le Cambrésis avec l’œil du syndicaliste : si des contacts se sont noués, notamment lors de la mobilisation des postiers de Cambrai, soutenus par la CGT et les Gilets jaunes, il y a des difficultés à agréger totalement le mouvement citoyen au mouvement syndical qui lutte déjà depuis des années.

Benoît Maréchal termine en évoquant le rôle crucial que doit prendre la CGT pour «  faire parvenir à la victoire du mouvement  » : être le relais des revendications communes des Gilets jaunes et du syndicat dans les entreprises pour parvenir à lancer la grève et effectuer la convergence massive avec les gilets jaunes. Rendez-vous en 2019 pour la suite de la lutte ? Les Cambrésiens sont en tout cas prêts à rebattre le pavé.