© Marc Dubois
Côté politique

Macron fait l’unanimité des élus de gauche contre lui

par Philippe Allienne
Publié le 24 mars 2023 à 15:55

«  Nous sommes face à une situation inédite. Dès le départ, le texte sur la réforme a été rejeté par pratiquement tout le monde : les syndicats, les Français dans des proportions énormes, l’Assemblée nationale à un niveau étonnant. » Député PS du Nord, Roger Vicot est intarissable sur la tournure des événements depuis le 49.3 et sur l’attitude d’Emmanuel Macron et du gouvernement. « Comment peut-on à ce point refuser le débat ? Ils se sont donné tous les moyens pour cela : l’article 41.1 qui limite le débat, le 49.3, le 44.2.  » Pour lui, il y a d’abord une explication politique : «  Nous avons affaire à des libéraux qui souhaitent une réduction de l’intervention de l’État dans tous les domaines et qui voudraient nous amener vers une retraite par capitalisation. C’est une réforme idéologique. Ce ne sont pas les 12 milliards de déficit de la caisse de retraite qui sont le problème ! » « Ils ne sont plus crédibles  ! » s’est écrié le député communiste du Pas-de-Calais Jean-Marc Tellier, au soir du rejet de la motion de censure du groupe parlementaire Liot( [1]), à neuf voix près. Pour lui, il est maintenant indispensable qu’il y ait beaucoup de monde à gauche pour, avec le maintien de l’unité syndicale, ne pas lâcher la pression et demander le retrait de la réforme des retraites. « Il ne faut surtout pas en rester là. Il ne faut surtout pas renoncer à nous faire entendre ! ».

Avec le président Macron c’est « marche ou crève »

La secrétaire nationale d’EELV et conseillère régionale Marine Tondelier ne pense pas autre chose quand elle déclare juste avant la manifestation de ce jeudi à Arras : « Avec Macron, c’est marche ou crève. Nous ne voulons pas crever, alors nous allons continuer de marcher !  » L’entretien télévisé ? Le président s’est montré «  glaçant et totalement déconnecté des manifestants ». Agacée par le sourire du président à la fin de l’émission, elle ne peut le trouver que « très méprisant  ». Pour elle, le recours au 49.3 n’avait pas lieu d’être pour un texte et un enjeu de cette importance. Jean-Marc Tellier a lui aussi trouvé l’intervention télévisée particulièrement arrogante. « Il n’entend pas le message des parlementaires, des syndicats, ni celui de la population. Ce qu’il a fait est une provocation. » Et puis surtout, il s’agace de l’entendre « ressortir son message stigmatisant à l’égard des allocataires du RSA et de le voir se réjouir de la réforme de l’assurance chômage. Il cherche décidément à opposer les Français ». De son côté, Roger Vicot soulève un problème psychologique chez le président. « Il est intéressant de voir son parcours. Cet homme n’a jamais connu d’échec. Il n’a aucune idée de la réalité du monde du travail. Il ne comprend pas ce pays. » De son coté, François Ruffin, député affilié à LFI présent aux cotés de salariés de la zone industrielle d’Amiens lors d’un blocage jeudi, a interrogé le président : « Ils sont où, les factieux, les factions ? Ils sont ici pour faire tourner le pays. »

Notes :

[1Liot : Nom du groupe parlementaire. Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires présidé par Charles de Courson. Nous avons tenté de joindre en vain Ugo Bernalicis et David Guiraud du groupe LFI