Le chemin vers la gratuité des transports collectifs publics est parfois tortueux. Dans le Douaisis, le député communiste Alain Bruneel en sait quelque chose. Au sein du Syndicat mixte des transports du Douaisis (SMTD), dont il était troisième vice-président, il s’était battu avec ses collègues pour la gratuité des transports des collégiens et lycéens. En 2014, c’était gagné pour les transports scolaires. Mais un revirement est opéré à l’occasion d’un changement de l’exécutif. L’élu se bat contre le retrait de la gratuité. Il est débarqué de son poste à l’exécutif. Il faut attendre 2019 pour que, après une nouvelle élection, la gratuité revienne. Le SMTD accorde un aller et un retour pour les scolaires.
Votée à l’unanimité
Mais Alain Bruneel n’avait pas attendu pour, en janvier 2018, déposer une proposition de loi sur la gratuité. Le texte sera débattu à l’Assembléenationalele8marsavantd’être finalement rejeté. Dans le Nord, l’ancien vice-président du SMTD ne lâche pas la garde et poursuit son militantisme pour la gratuité. Pour lui, il faut y voir « une bataille historique des communistes qui trouve un débouché positif ». Pas question, évidemment, de s’arrêter en si bon chemin. Le 26 mai 2021, le SMTD vote à l’unanimité pour la gratuité totale dans le Douaisis. Le député est de la partie. D’ailleurs, la séance se déroule à Lewarde, ville dont il a été maire. Pour en arriver là, il a fallu trouver un accord entre les deux intercommunalités, Douaisis Agglo et la communauté de communes Cœur d’Ostrevent. Alain Bruneel respire. « C’est bon pour les citoyens, c’est bon pour l’environnement » commente- t-il. Après ce vote, Douai devient la plus grande agglomération de France et d’Europe qui instaure la gratuité des transports en commun sur l’ensemble du réseau. On sait qu’une autre agglomération très proche, la communauté d’agglomération de Lens Liévin, est en train d’y travailler.
La gratuité a un coût
Évidemment, un tel projet revêt un coût. C’est d’ailleurs cela qui a freiné le dossier. Mais en fait, le tout relève de la volonté politique. On pense à la billetterie. Mais, expliquait Alain Bruneel en février dernier, « la billetterie représente 12 à 13 % de la totalité des recettes. Soit trois millions d’euros environ par an ». C’est sur ce point qu’ont porté les négociations entre les intercommunalités. L’accord a été trouvé : Douaisis Agglo inscrira deux millions d’euros supplémentaires à son budget annuel consacré aux transports, le faisant passer de cinq à sept millions. Cœur d’Ostrevent apportera un million d’euros. Pour Douaisis Agglo, le président Christian Poiret a déjà annoncé qu’il n’y aura pas d’augmentation de fiscalité, « l’argent venant de nos fonds propres ». De toute façon, en supprimant la billettique, on supprime les coûts de gestion et ceux engendrés par la fraude. Mais surtout, il faut savoir que le SMTD devait changer l’informatique et la billetterie. Cette opération étant devenue inutile, une économie substantielle est ainsi réalisée. De la même façon, le coût de maintenance des appareils disparaît. Il reste à investir dans l’acquisition d’une dizaine de bus supplémentaires. Sur le plan social, deux agences commerciales sur les trois actuelles vont être fermées. Les élus se sont engagés à ce que cela ne mène pas à des licenciements ou à une perte de pouvoir d’achat pour les salariés. Des négociations sont menées avec les syndicats. Des reconversions pourraient être envisagées. Il faudra par exemple embaucher de nouveaux conducteurs de bus. Il faudra aussi avoir recours à du personnel pour renseigner les usagers. Des débouchés pourraient être possibles dans la location de vélos que fait le SMTD. Des formations seront d’autre part proposées. Enfin, il faut tenir compte des départs en retraite du fait de la pyramide d’âge.
