Hellemmes

Angélique Gilibert remet son mandat pour protester contre le silence politique sur la culture

par Philippe Allienne
Publié le 5 février 2021 à 11:43

Alors qu’elle avait entamé un second mandat à la commune associée d’Hellemmes, Angélique Gilibert (élue en mars dernier sur la liste « Réinventer Hellemmes, notre commune solidaire ») vient de remettre son mandat. Sa démission est parvenue au préfet ce mercredi 3 février. En cause : le silence politique sur la culture. Celle qui est désormais ex-adjointe à la culture, à la vie associative et aux festivités d’Hellemmes n’en peut plus de constater l’indifférence des élus et du pouvoir exécutif au point de constater que même la ministre de la « Culture, Roselyne Bachelot est inaudible » et prêche dans le vide.

« Le secteur meurt dans le silence le plus total ! »

« Certes, admet-elle, nous ne pouvons nier les difficultés liées à la crise sanitaire. Mais on nous donne l’impression que parler culture dans ce contexte serait honteux. En réalité, on sacrifie la culture en la classant, lors des confinements, dans les secteurs non essentiels. » Inacceptable pour elle, d’autant que, contrairement à une idée reçue, tous les acteurs ne sont pas des intermittents du spectacle. Il existe en effet de nombreuses petites entreprises indépendantes et des artistes travailleurs précaires. « Or, le secteur meurt dans le silence le plus total ! » Ce n’est pas faute, pour la mairie d’Hellemmes, de maintenir les subventions de fonctionnement. « Si, comme l’écrit le philosophe Jean Baudrillard, consommer c’est exister socialement, la culture ne devient donc plus qu’un objet de consommation au point que les boutiques des musées ont pu rouvrir, fin décembre, mais pas les musées eux-mêmes ! » s’indigne-t-elle. Et de se demander : « Que veut-on en France ? Une culture commerciale et rentable ? Netflix détient alors le palmarès de la culture. » Car la pandémie a bon dos. En fait, la culture est en danger depuis au moins 2015. Et depuis 2017, rappelle-t-elle, 60 % des collectivités territoriales ont diminué leurs budgets culturels, considérant que la culture n’est pas prioritaire. En démissionnant, Angélique Gilibert signe ainsi un acte politique fort. Car insiste-t-elle, « il ne peut y avoir de projet émancipateur de gauche, et de projet de transformation sociale, sans culture ». Comment éveiller les consciences autrement ?

(Photo : © Pierre André Leclercq/Wikicommons CC-BY-SA-4.0)