Étudiants étrangers

Le calvaire des dublinés

par Alice Labro-Terrier
Publié le 28 janvier 2022 à 15:41

Les « dublinés » sont les demandeurs d’asile qui sont soumis à la procédure européenne dite « Dublin III » qui complique énormément la vie des personnes concernées. Parmi elles, les étudiants étrangers en exil. À l’université de Lille, le Collectif des amis de Gallois les accompagne dans leurs démarches administratives.

Dublin III s’applique depuis le 1er janvier 2014 et vise à déterminer quel État membre de l’Union européenne est responsable du traitement d’une demande d’asile. Le Collectif des amis de Gallois a organisé une réunion publique à la cité scientifique de Villeneuve d’Ascq, ce mercredi 26 janvier. Cela a permis de recueillir de nombreux témoignages. Nous avons retenu celui d’Hassanatou. Arrivée à Lille via l’Espagne, elle compte poursuivre ses études à l’université de Lille. Mais le casse-tête administratif la fait déchanter. « Si j’avais pu choisir, je serais restée dans mon pays pour y étudier, pour y travailler. Je n’ai pas eu le choix. » Dans un premier temps, elle pointe chaque semaine à la préfecture. Au bout de six mois, alors qu’elle se présente pour un dernier pointage avant l’examen de son dossier, la préfecture appelle la police. « Ici, on fait ce qu’on veut, quand on veut. Entre toi et nous, c’est nous qui avons raison » s’entend-elle dire. Elle est arrêtée, emmenée au Centre de rétention administrative (CRA), puis renvoyée en Espagne. « J’avais l’impression d’être traitée comme une criminelle », dit-elle.

La préfecture n’aide pas

En Espagne, il n’y avait pas de place pour elle. Elle retourne en France, à Lille, où elle rencontre le Collectif des amis de Gallois qui l’aide dans ses démarches. « Dublin, c’est une perte de temps et d’argent. Ça ne sert à rien, à part exaspérer les gens », explique une professeure, membre du Collectif. Selon la clause 17 des accords de Dublin, le préfet a la possibilité de sortir une personne de la procédure et d’autoriser la demande d’asile. Mais il est rare qu’il use de ce droit. Le préfet du Nord, Georges-François Leclerc (qui était préfet des Alpes-Maritimes lors des prémices de l’affaire Cédric Herrou) ne fait pas exception. « Je n’ai pas voulu faire de recours », avoue Hassanatou. Nombreuses sont les personnes exilées dans ce cas, risquant leur sécurité, afin d’éviter de se trouver face à un mur administratif et juridique. À Lille, une majorité d’étudiants exilés sont soumis aux accords de Dublin.