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Université de Lille

Les personnels de l’université s’opposent au projet de rapprochement avec les écoles

par Philippe Allienne
Publié le 9 avril 2021 à 12:44

L’Université de Lille se projette actuellement dans une nouvelle restructuration connue sous le nom d’« université de Lille 2022 ». Celle-ci est portée par une ordonnance du 12 décembre 2018 qui prévoit la création d’un « Établissement public expérimental » (EPE). Le personnel et les étudiants n’en veulent pas. Ils le disent par la voie d’une consultation référendaire.

Parmi les opposants à l’EPE, on trouve aussi bien des enseignants, des chercheurs, des directeurs, des doyens que des étudiants. Le 22 avril, le conseil d’administration de l’université va voter en faveur du projet qui devrait être mis en place dès janvier 2022. Il consiste essentiellement à regrouper, avant d’aller vers une fusion, l’Université de Lille et de grandes écoles comme l’École supérieure de journalisme de Lille ou l’Ensait (cette dernière arrivant dans la course à la suite du refus de l’École centrale). Pour les opposants, cela n’a rien à voir avec une mutualisation des moyens. « Derrière cette apparente dénomination “inoffensive’’, explique le chercheur Moussa Naït Abdelaziz, par ailleurs membre du Snesup, se cache une nouvelle attaque en règle contre le service public d’enseignement supérieur et de recherche, au nom de réformes idéologiques basées sur une vision néolibérale et marchande des savoirs et de leur production, vision libérale dont on aurait pu penser que la crise sanitaire actuelle aurait montré toute l’obsolescence. » La charge est puissante. Le président de l’Université, Jean-Christophe Camart, n’en a cure. Sûr de son bon droit, il a refusé une consultation demandée par les enseignants. Alors ces derniers, avec l’intersyndicale CGT-FSU-Sud Éducation ont décidé de l’organiser eux-mêmes. Deux référendums ont été mis en place : un pour le personnel universitaire, qui vient de s’achever, un pour les étudiants qui s’achèvera le 16 avril.

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Les résultats de la première consultation ont été dévoilés ce 8 avril. Sur 1 186 personnes qui se sont exprimées, 1 063 (soit 89,63 %) se sont positionnées contre la création de l’EPE. Ce résultat est vécu comme une première victoire par les organisateurs. Certes, il leur sera opposé que les votants ne sont pas représentatifs (l’université compte 7 000 personnes). Mais les conditions du vote (crise sanitaire et refus par la présidence de permettre l’utilisation de l’Environnement numérique de travail (ENT) leur donne lieu de se réjouir de la participation. Surtout, dit Judith Hayem, enseignante-chercheuse, cela a permis un grand moment de démocratie. « Quels que soient les résultats du vote du CA, dit-elle, cela n’effacera rien de ce qu’il vient de se passer. » Les votants n’oublieront pas au passage l’attitude de la vice-présidente de l’université, Sandrine Rousseau, qui prétend être à leurs côtés mais qui votera l’EPE. En attendant les résultats du vote des étudiants, ce 16 avril, les enseignants attendent les élections universitaires de novembre. « Car, dit Moussa Naït Abdelaziz, il nous faut reprendre le pouvoir au sein du CA. Cela nous permettra de changer la donne pour 2022. » L’arme fatale des adversaires de l’EPE ? La construction d’un projet universitaire alternatif sur lequel ils ont déjà commencé à travailler.