Grâce au référendum sur l'EPE

« Nous avons réinsufflé du débat autour du projet »

par Philippe Allienne
Publié le 9 avril 2021 à 16:17 Mise à jour le 10 avril 2021

Pour l’intersyndicale et les personnels de l’université, il était essentiel que chacun et chacune soit informé de ce projet qui, s’il était mis en œuvre en janvier 2022, « ferait perdre à l’université sa personnalité juridique et morale, impacterait fortement notre quotidien, dégraderait nos conditions de travail, mettrait en danger notre liberté académique et notre capacité à déployer nos recherches dans les directions que nous choisissons. L’EPE autoriserait, à terme, la hausse des frais d’inscription pour nos étudiants, l’instauration d’une formation universitaire à double vitesse : des formations graduées fortement subventionnées pour les “élites”, d’une part ; des formations dégradées de premier cycle pour la grande masse des étudiants, de l’autre. Ceci, pour n’évoquer que quelques-unes des conséquences que nous redoutons. »

Lire aussi : « Les personnels de l’université s’opposent au projet de rapprochement avec les écoles ».

Judith Hayem en est convaincue : « C’est grâce à notre organisation, notre réflexion et nos analyses ; grâce aux conseils de collègues d’autres universités qui ont fait face à un EPE ou le subissent ; grâce à notre vision pour une autre université ; et grâce enfin au concours de tous les personnels qui se sont exprimés, que nous sommes parvenus à réinsuffler du débat quant à ce projet. » Les personnels de l’Université de Lille qui, au terme de la consultation, se sont prononcés contre l’EPE sont des agents administratifs et techniques, des salariés des bibliothèques, des chercheurs, ingénieurs, vacataires d’enseignement, maîtres de conférences, professeurs.

Chantage

« Le désaveu quant au projet monté par la présidence est massif, affirment-ils. Celle-ci devra tenir compte de notre expression collective. Nous resterons mobilisés et amplifierons nos actions : nous ne sommes pas prêts à brader le service public d’enseignement supérieur, à remplacer la recherche fondamentale par de la recherche étroitement finalisée, à sortir du code de l’éducation, à supprimer les franchises universitaires - que les générations de nos prédécesseurs ont maintenu, envers et contre tout, depuis le XIIIe siècle - pour obtenir quelques financements incertains et inégalitaires. Nous appelons nos représentants élus dans les instances de l’université, nos représentants syndicaux mais aussi nos représentants politiques, ainsi que les parents d’étudiants et futurs étudiants à se saisir de cet enjeu et interpeller le gouvernement et Madame la Ministre Vidal à son propos. Des alternatives existent. Nous, acteurs de l’université et de la recherche, sommes riches de propositions et nous souhaitons participer à la construction collective de l’université et de la recherche publiques de demain. » Le dossier reste à suivre, en sachant que la mise en place de l’EPE repose sur une forme de chantage au financement. Comment, par exemple, l’École supérieure de journalisme pourra-t-elle s’y opposer alors que les financements de son Académie pourraient en pâtir. On sait cependant que d’autres établissements comme l’École centrale de Lille ont répondu non au projet de rapprochement. Les étudiants de Sciences Politiques sont également contre.