© Marc Dubois
École d'architecture de Lille

Un cas d’adhésion forcée à l’EPEx

Publié le 5 novembre 2021 à 11:09

Dans un communiqué, des signataires rassemblés sous le nom d’Instance démocratique expérimentale (INDEX), dénoncent les méthodes antidémocratiques qui ont été employées par le conseil d’administration de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille (ENSAPL) pour imposer son adhésion à l’Établissement public expérimental (EPE) de l’Université de Lille.

Peu de temps avant le début de la crise sanitaire, le conseil d’administration (CA) de l’ENSAPL a été invité à suivre l’élaboration des statuts de ce futur EPE, regroupant autour de l’Université de Lille cinq grandes écoles (Centrale Lille, ESJ, Sciences Po, Institut des Mines de Douai, ENSAPL). Les différentes instances de l’établissement ont été invitées par le directeur à s’exprimer à propos de ce projet. De nombreuses composantes de l’ENSAPL ont alors rédigé et adressé au CA des motions clairement opposées à l’adhésion de notre école à l’EPE. Ce fut le cas de la totalité de la formation Paysage (l’une des deux formations regroupées à l’ENSAPL), de la commission de la recherche (CR, l’une des deux composantes de la CPS, c’est-à-dire de l’assemblée des enseignants, administratifs et étudiants de l’école), mais aussi du comité technique (CT) et du conseil du laboratoire de recherche de l’école. Ces motions n’ont pour la plupart pas motivé de réponse de la part de la direction ni du conseil d’administration. Un vote, commun à l’ensemble des établissements concernés par le regroupement, a été organisé le 22 avril 2021, à un jour des congés de printemps. En ont résulté dix voix favorables à l’adhésion, neuf contre et une abstention. Conformément aux règles du vote préalablement établies qui exigeaient la majorité absolue de voix favorables à l’adhésion, soit onze voix pour, le CA a conclu que l’adhésion de l’ENSAPL à l’EPE n’était pas validée. Quelques jours plus tard, en plein congé de printemps, un membre extérieur du CA, occupant une place importante dans l’organigramme de direction de l’Université de Lille, a demandé à la présidente du CA d’organiser un nouveau vote pour qu’une position plus nette soit dégagée. Cette demande impliquait d’invalider une décision légitime d’une instance élue de l’ENSAPL. La présidente du CA, avec l’appui du directeur de l’ENSAPL, et le soutien du ministère de tutelle (le ministère de la Culture), a entériné le principe de ce nouveau vote, et en a fixé la date à la rentrée, soit le 12 mai, ne laissant ainsi aucun temps à l’échange et au débat contradictoire des points de vue, condition demandée par une majorité des enseignant·es titulaires de l’établissement par voie pétitionnaire.

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Face à cette situation ubuesque, quatre membres du CA, représentants des enseignants et des étudiants, (rejoints depuis par deux autres) ont démissionné pour protester contre le caractère irrégulier et antidémocratique du second vote. Cela n’a pas troublé la direction et la présidence du CA, et ces défections ont permis de faire passer à 13 le nombre de voix favorables à l’adhésion. C’est dans ce contexte que le collectif d’enseignants, d’étudiants, de doctorants et de personnels administratifs que nous représentons s’est formé, en rassemblant les personnes qui ne se sentent plus légitimement représentées par le CA de l’ENSAPL, suspendent leur participation à toute forme d’instance et conditionnent leur retour dans ces instances à la démission préalable du CA et de sa présidente. L’INDEX a organisé une consultation électronique de l’ensemble des enseignants de l’école pour savoir s’ils seraient favorables à ce qu’un recours contre le second vote soit porté devant le tribunal administratif, afin de clarifier la situation et de ramener les instances sur des bases saines et légitimes. La majorité des enseignants ont approuvé ce choix et ce recours a donc été déposé durant l’été et transmis en septembre dernier aux directions concernées. Entre temps, la commission de la recherche a intégralement démissionné en mai 2021, puis la Commission de la formation et de la vie étudiante (CFVE) en juillet, si bien que l’ENSAPL n’a plus été dirigée que par un directeur enfermé dans sa tour d’ivoire, en instance de départ puisque son mandat arrive à expiration en mars 2022, et par un CA amputé d’un tiers et que peu de personnels considèrent comme légitime. Cela ne trouble pas la direction qui vient d’organiser un scrutin en vue de reformer les commissions démissionnaires et de remplacer les membres du CA qui avaient claqué la porte. À ce jour, l’absence quasi totale de candidatures aux instances consultatives ne permet pas la tenue de ces élections, hormis celle du CA où quatre enseignant·es et deux étudiant·es ont remplacé les démissionnaires. (...)

Pour l’Index,

Enseignants-chercheurs de l’ENSAPL : C. Bauer, C. Bigot, C. Blain, N. Canova, D. Delbaere, S. Ehrmann, B. Godbille, C. Grout, C. Henriot, D. Henry, G. His, Y. Hubert, R. Klein, JC. Laurent, C. Leblanc, B. Leboudec, H. Marcoz, A. Mastrotrilli, E. Monin, C. Mourier, V. Mussault, F. Poiteaux, P. Semal, A. Varcin, A. Venacque, A.Zoïa Etudiants de l’ENSAPL : A. Borie, L. Brasseur, C. Cavalar, S. Chenafi, A. Clinqunnois, T. Colonneau, B. Delaunay, P. Lecomte, M. Pagnier, A. Sans Nahort, N. Thellier