Roubaix

Disparition de Placide Tshilenge

Par Alain Guillemin et Michèle Talfer*

Publié le 22 mai 2020 à 18:52

Placide Tshilenge, enseignant, militant, fervent défenseur de l’école publique et ancien président de la Fédération des Associations Laïques (FAL) de Roubaix, est décédé le 15 mai 2020.

Placide Tshilenge, enseignant en collège, militant et responsable d’associations de parents d’élèves (FCPE), a toujours inscrit son action dans une volonté de défense de l’école publique. Il a toujours affirmé la nécessité de donner aux enfants et aux jeunes des familles défavorisées une chance, grâce au savoir, de ne pas rester en marge ou à l’écart dans la société. La laïcité, pour lui, s’imposait pour donner à tous les moyens, par delà les différences sociales, religieuses ou philosophiques, de participer pleinement à la vie sociale dès le plus jeune age autour de l’école et dans l’école de la République.

Placide Tshilenge avait participé activement au grand chantier culturel de la Fédération des Associations Laïques (dont il était administrateur), en 1988 et 1989 pour donner, à Roubaix, une dimension remarquable et populaire à la célébration du bicentenaire de la Révolution française. Les écoles, les établissements scolaires, les associations, en ont fait un ensemble de manifestations populaires, festives et éducatives de premier plan.

La culture lui semblait, en effet, être un moyen privilégié d’intégration sociale, permettant de ne pas isoler un groupe, une catégorie d’âge, sur des critères ou des a priori de condition sociale, de croyance, d’opinions...

Placide Tshilenge fut au premier plan de la longue réflexion à travers laquelle la FAL (dont il était devenu vice-président) élabora le projet de festival Les Transculturelles, en 1995, destiné à faire briller les créations de structures professionnelles de la ville et, également, des forces vives associatives et scolaires autour du creuset de la culture roubaisienne. Nourrie, depuis toujours, par l’apport des travailleurs d’origine étrangère, il s’agissait d’enrichir cette démarche des créations les plus brillantes des artistes invités par les Roubaisiens originaires d’une autre culture. L’objectif était que tous et leurs représentants associatifs soient fiers de leur apport à la ville à travers une manifestation de haut niveau. Le but affirmé était non pas de s’enfermer dans ses particularismes, mais de partager, avec tous, cette culture d’origine.

Placide Tshilenge, par ailleurs président de l’association ACODESCA (Association congolaise pour le développement socio-culturel et artistique) ne renie en rien ses origines et affirmait, dans Les Transculturelles, sa fierté de voir les différences s’épanouir dans le cadre des grands principes républicains. Il avait une belle formule, le « Festival culturel joyeux des droits de l’homme » !

En 2004, alors qu’il préparait avec enthousiasme, les manifestations à l’occasion du centenaire de la loi de 1905, loi de séparation des églises et de l’État, permettant l’existence de la laïcité comme cadre de la liberté de pensée et de croyance, sa santé l’a contraint de quitter son poste de président, sans que pour autant, il n’ait abandonné sa participation aux activités.

Placide Tshilenge, à cette époque, malgré son état de santé a continué soutenir activement ce projet de manifestations autour d’une loi décisive pour la laïcité en France.

Nous regrettons son dynamisme et son militantisme chaleureux.

Nous présentons à femme Marie-Hélène, ses filles Emmanuelle et Frédérique, et à toute sa famille, nos condoléances. Une rencontre avec sa famille et ses amis sera prévue dès que la situation de déconfinement nous le permettra.

*Ex-président et ex-présidente de la FAL de Roubaix.