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Roubaix

La ville expulse les occupants du Colisée

par Reyhan Unlu
Publié le 21 mai 2021 à 13:36

Rien ne va plus avec les Interluttants qui, depuis mi-mars, occupent le Colisée de Roubaix. Ce mardi 18 mai, à la veille de la réouverture des espaces culturels, la ville leur a demandé de quitter les lieux. Elle juge leurs revendications trop « politiques »... Jeudi 20 mai, ils ont finalement été délogés alors que devait se tenir le premier spectacle de reprise.

Lâchez-vous avant qu’on nous lâche ! pouvait-on lire sur une affiche placardée sur les portes du Colisée de Roubaix, mardi 18 mai. C’est désormais chose faite puisque le directeur, Bertrand Millet, qui avait pourtant volontiers ouvert les portes à l’occupation deux mois auparavant, a finalement retiré son soutien aux Interluttants, les sommant de cesser l’occupation. Alors que les occupants s’attendaient à l’intervention d’un huissier, les syndicalistes et militants politiques se sont joints à eux pour faire face. Cela n’a pas impressionné Bertrand Millet qui, seul face aux artistes, a pris la parole pour justifier cette demande. Pour lui, « les premières revendications étaient à caractère culturel (...) mais aujourd’hui les choses ont changé et il y a d’autres endroits pour exprimer sa colère. »

« On ne peut pas dire qu’on est gagnant »

Si la réouverture des salles et la prolongation de l’année blanche pour quatre mois témoignent, concèdent les occupants, « d’un petit effort », leurs revendications concernant l’assurance chômage ne semblent pas avoir été entendues puisque la réforme en question est toujours d’actualité et devrait être examinée par les députés le 1er juillet. « On ne peut pas dire qu’on est gagnant » reprochent les Interluttants qui ne sont pas satisfaits des mesures proposées. Il y a quelques semaines, c’est le refus de retirer une banderole militante qui a mis le feu aux poudres. «  Appel à la révolution », proclamait l’affiche sur la façade. Cela n’a pas tardé à faire réagir le maire LR de Roubaix Guillaume Delbar. Dans un communiqué de presse qu’il cosigne avec son adjoint à la culture et par ailleurs président du Colisée, Frédéric Lefebvre, et Bertrand Millet, il dit faire appel « à l’intelligence collective du mouvement d’occupation pour qu’elle cesse maintenant  ». « Je ne suis pas le seul à décider, on est dans un équipement public intermunicipal » s’est justifié Bertrand Millet. À la suite de son intervention (en fait la lecture d’un communiqué de presse), le directeur a conclu par un laconique « Mesdames et Messieurs, c’est sur la fin de cette lecture que je vous invite à sortir ! ». Voilà qui n’a pas été bien accueilli par le public qui refuse de quitter le Colisée. Maxime Vanhove, intermittent, exprime un souhait : « Nous aurions voulu informer les gens à l’exterieur sur pourquoi nous sommes là ». Aucune solution n’a été trouvée à l’issue de cet échange, laissant les Interluttants passer encore au moins une nuit dans le théâtre. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Christiane Fonfroide, conseillère municipale et membre du Parti communiste, a interpellé par mail le maire-adjoint à la culture de Roubaix, lui demandant de « réitérer et maintenir son soutien aux occupant·e·s du Colisée  » et cela jusqu’à l’annulation de la réforme de l’assurance-chômage. Des messages qui sont restés lettres mortes puisque jeudi 20 mai, alors que se tenait le premier spectacle de cette reprise culturelle, les occupants ont dû retirer toutes les affiches. « Pas plus de deux personnes à l’intérieur pendant l’entrée du public avec une petite table et quelques flyers », c’est comme ça que les Interluttants décrivent cette soirée de fin d’occupation sur leur page Facebook. En effet, ils ne pourront plus occuper le théâtre ni de jour, ni de nuit. Les occupants ont appelé à un rassemblement calme devant la salle de spectacle afin de rendre visible le mouvement malgré l’interdiction de s’exprimer face au public.