Oise

Creil veut garder sa maternité

par Franck Jakubek
Publié le 10 janvier 2019 à 11:38 Mise à jour le 15 septembre 2020

Malgré une forte mobilisation, l’Agence régionale de santé ne change rien à ses plans. Une délégation des élus et du Comité de défense de la santé et des hôpitaux de Creil et Senlis a été reçue mardi 8 janvier par la direction de l’ARS qui refuse de modifier ses projets de fermeture.

Le froid pince ce matin avenue Willy Brandt à Lille. Sec, il décontenance. Mais n’enlève pas une once de détermination à la cinquantaine de citoyens, militants et élus rassemblés devant les locaux de l’Agence régionale de santé. Les automobilistes, pris dans le flot de la circulation, tournent la tête pour lire les pan-cartes, interloqués par les poupons posés au bord de la chaussée. L’humour et la détermination sont les principales armes du comité de défense de la santé et des hôpitaux de Creil et de Senlis, animé entre autres par Paul Cesbron, l’ancien « patron » de la maternité de Creil. Une délégation d’élus avec notamment Alain Bruneel, député PCF du Nord, Jean-Claude Villemain, Maire (PS) de Creil et Loïc Pen, médecin urgentiste et représentant CGT, est en discussion depuis 11 heures avec la direction de l’ARS.

Mardi 8 janvier « c’est le dernier rendez-vous avant que l’ARS n’entérine définitivement son projet de transfert de maternité sur Senlis. Nous souhaitons le maintien des deux maternités : une de niveau 3 à Creil, et une niveau 1 à Senlis » rappelle Karim Boukhachaba, vice-président (PCF) de la Communauté d’agglomération Creil-Sud-Oise (ACSO). « La décision a été prise sans l’avis des élus locaux du bassin creillois. Pourquoi ? »

L’agglomération représente 84000 habitants sur onze communes, avec cinq quartiers en zone prioritaire. Quatre foyers sur dix n’ont pas de véhicule personnel. Après la fermeture de la maternité de Clermont fin décembre, les élus s’inquiètent d’un « vide sanitaire et social dans le sud de l’Oise ».

« Lors de la consultation citoyenne à Creil, plus de 5600 personnes se sont exprimées » indique un retraité actif du comité. « En juin, notre pétition avait atteint le chiffre de 11000 signatures ; le 29 décembre, nous en avions recueilli 18150 » précise-t-il. Depuis un an, le comité sonne à toutes les portes pour faire reculer l’ARS sur son projet. Une forte mobilisation qui touche toute la population, mais aussi les professionnels de santé, les médecins, les syndicalistes, et 90000 tracts ont été distribués sur le secteur par le PCF et la page Facebook « Non à la fermeture de la maternité de Creil » compte plus de 4700 membres.

Non aux usines à bébés

Pour Daniel Schmitt, représentant CGT et électricien à l’hôpital de Creil, il faut craindre « une mise en danger de la mère et de l’enfant ». Des problèmes de normes, de compatibilité ou, plus grave encore, de réanimation, s’ajoutent aux questions posées sur le transport et les déplacements des patients, et du suivi de proximité. « Nous ne voulons pas d’usine à bébés » s’insurge un participant. Pour le PCF du Nord, Karine Trottein, secrétaire départementale, rappelle « l’engagement et le soutien des communistes dans cette bataille menée depuis plus d’un an. L’ARS a beaucoup de difficultés à intégrer les besoins de la grande région. Élue dans ma commune sur les questions de santé, je connais bien la problématique ».

Pendant que la délégation rencontre la direction de l’ARS, une partie du comité de défense de la santé et des hôpiteaux de Creil et de Senlis manifeste devant l’entrée. Photo Franck Jakubek

« Ils veulent soumettre la santé à la loi de l’argent et casser le service public de la santé » regrette Alain Blanchard, retraité. La délégation reçue par la direction est sortie après plus de trois heures de discussion avec une réponse négative. L’arrêté serait en cours de signature. Une attitude qui pose une vraie question sur les objectifs de l’ARS, d’autant plus que deux cliniques privées, dans le même secteur investissent dans la périnatalité. « S’il le font, c’est que ça rapporte » dénonce un praticien présent. Une logique à deux vitesses visant à remplacer la carte vitale par la carte bleue. Un argument qui motive encore plus le comité à mobiliser les habitants pour d’autres actions. La maternité de Creil représente environ 1600 naissances par an. Alain Brunel compte demander un rendez-vous avec la ministre de la Santé. La lutte continue.

pour rejoindre le comité :https://www.facebook.com/groups/364336977370535/