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Le sénat est-il vraiment utile ?

par Mourad Guichard
Publié le 7 mars 2023 à 10:30

Au démarrage de l’examen du projet de réforme des retraites, la pertinence d’une chambre haute refait débat.

Le Sénat a-t-il toujours sa raison d’être ? Cette question devenue rituelle l’est d’autant plus au moment de l’examen d’un texte d’importance, comme celui relatif à la réforme des retraites. Pour Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, la réponse ne fait aucun doute. « C’est au Sénat que l’on peut avoir des débats politiques de fond qui permettent de contrebalancer le pouvoir concentré dans les mains du président de la République », souligne-t-il. « Les députés, eux, sont redevables vis-à-vis du président auquel notre Constitution donne trop de pouvoirs. » Pour imager son propos, l’élu pointe les récents dossiers passés devant la chambre haute : l’affaire McKinsey, dont l’ampleur a pu être révélée à l’initiative des élus communistes, et l’audition d’Alexandre Benalla, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron dont le traitement à l’Assemblée nationale avait été étouffé. « Faire la loi est un exercice long et difficile », explique Jean-Pierre Sueur, son homologue socialiste du Loiret, par ailleurs natif de Boulogne-sur-Mer. « Un mot dans la loi peut changer la vie des gens, qu’ils habitent Orléans, Dunkerque ou en Polynésie. » Sur la réforme des retraites, même si l’issue ne fait que peu de doute à ses yeux, Éric Bocquet assure qu’il va, lui et les élus de gauche, profiter de la dizaine de jours de travaux pour batailler. « Nous allons pouvoir jouer pleinement notre rôle sur le fond et dans la durée », explique-t-il. « Jusqu’alors, le gouvernement nous a dit tout et son contraire sur les effets de la réforme des retraites  », renchérit Jean-Pierre Sueur. « Là, il va devoir répondre à nos questions et, contrairement à ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale, nous donner des réponses claires et compréhensibles, notamment sur la durée de cotisation. »