© Jacques Kmieciak
Maire de Calonne-Ricouart pendant 31 ans

André Delcourt s’en est allé

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 31 mars 2021 à 19:06

André Delcourt s’est éteint ce 25 mars à l’âge de 86 ans. Communiste et chrétien, il laisse l’image d’un bâtisseur disponible, chaleureux et engagé au service des plus humbles.

Ces derniers mois, il vous recevait, les bras toujours grands ouverts, à son domicile. Affaibli, il avait cependant conservé sa combativité intacte. Une pugnacité placée au service de la classe ouvrière depuis son adolescence. N’avait-il pas reçu ses premiers coups de matraque lors de la grande grève des mineurs de l’automne 1948 ? Le genre de mésaventure qui vous forge une conscience de classe. Une bonne décennie plus tard, à la demande d’André Mancey, député-maire, il prend contact avec la République démocratique allemande (RDA) en vue d’un jumelage. « Calonne sera l’une des premières communes de France à y parvenir », aimait rappeler André Delcourt qui exerçait alors comme professeur d’histoire-géographie et français. Son engagement au Parti communiste français date de cette époque. Élu conseiller municipal en 1971, puis maire de 1983 à 2014, il a notamment à son actif la création de parcs d’entreprises générateurs d’emplois, d’infrastructures sportives, l’implantation d’une Maison médicalisée pour sourds et aveugles : « La seule au nord de Paris », insistait-il. Ou encore le parc de loisirs Calonnix où il reçut le président Chirac en 1996. Élu au conseil général de 1992 à 2015, il aimait, statistiques à l’appui, rappeler qu’il était « le conseiller général du PCF, le mieux réélu de France ».

Communiste et chrétien

Communiste, il n’en était pas moins chrétien… Il était proche de la communauté catholique polonaise et du Père Léon, le fondateur d’Emmaüs Artois. Ces deux épicuriens appréciaient se retrouver autour d’un repas arrosé de bons vins, mais aussi sur le terrain des luttes (droit au logement, réfugiés du Calaisis). André Delcourt n’a jamais cessé de « mettre l’amitié en avant ». Le tutoiement facile, il surprenait parfois ses hôtes en les gratifiant d’un affectueux « biloute », « pépère » ou « gamine ». Sa passion du catch lui a offert de sillonner la France à la rencontre de Roger Couderc, de l’Ange blanc ou encore de Georges Marchais, le numéro 1 du PCF d’alors, quand le hasard du calendrier l’amenait du côté de Champigny-sur-Marne. « Il ne buvait que du café. Jamais une goutte d’alcool », s’étonnait-il.

Antifascisme et internationalisme

Viscéralement antifasciste, André Delcourt se plaisait à brocarder dans Le Petit Calonnois, le magazine de la section locale du PCF, Jean-Marie Le Pen. Il lui avait même consacré une exposition. Son attachement à la construction du socialisme à l’Est l’avait conduit à faire de nombreux voyages en RDA et en Tchécoslovaquie notamment. À l’été 1968, il était à Prague lorsque les chars soviétiques sont entrés dans le pays. Il s’est toujours félicité de l’intervention de l’Armée rouge qui, était-il persuadé, « a empêché que le pays ne bascule dans le camp capitaliste ». Tout comme il n’a eu de cesse de dénoncer « l’annexion » de la RDA par son voisin de l’ouest et la restauration du capitalisme dans les ex-pays du bloc soviétique. À l’initiative d’André Delcourt aussi, Calonne la… Rouge a été, en 2012, la première commune de France à élever le résistant libanais Georges Ibrahim Abdallah au rang de « citoyen d’honneur ». Le prolétariat a perdu l’un des siens.

(Légende photo : André Delcourt et André Chassaigne à la Fête d’Avion.)