© PCF Rouvroy
Robert Salé, vétéran du PCF

L’espérance chevillée au corps

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 18 novembre 2021 à 22:35

Il s’est mis au service de l’idéal communiste il y a soixante ans ! Robert Salé de Rouvroy nous livre sa réflexion sur l’évolution du PCF, ses doutes de jadis, son espoir d’un renouveau.

C’est à 16 ans que Robert Salé prend sa carte à la Jeunesse communiste. Nous sommes en 1961. Robert habite alors à Hénin-Liétard et travaille comme manœuvre. Il sait de qui tenir : ses parents étaient communistes et ses frères résistants. L’aîné Robert a d’ailleurs été fusillé par les Allemands du côté du Guise dans l’Aisne en juin 1944. Il héritera de son prénom. « C’est un copain qui m’a convaincu d’adhérer à la JC. À l’époque, Jean Ooghe dirigeait la Fédération du PCF », se souvient Robert. Ses premières manifestations ? « C’était contre la guerre d’Algérie. On allait foutre le bordel à la gare d’Arras en soutien à des pères de famille qui étaient rappelés. »

À l’école des durs

Ensuite, il y a aura le Vietnam et surtout Mai 68. « Là, ça a pété. Je travaillais comme soudeur sur les chantiers. J’étais costaud, j’allais un peu à la bagarre. À Flers-en-Escrebieux, on avait imposé la fermeture de mon entreprise un bon bout de temps et séquestré un cadre. Il y avait chez nous un ancien délégué mineur qui avait fait de la taule en 1948. J’ai été élevé à cette école-là », sourit-il. Pour ces militants confrontés à la violence de l’occupant, puis aux milices de Jules Moch, « l’URSS, c’était le summum. Après, il y a eu 1956, la Hongrie… Ça a donné à réfléchir, mais quand on est un militant de base, on n’a pas toutes les données en mains. Lorsqu’on voit qu’aujourd’hui le Parti communiste reste puissant en Russie et qu’il y existe une nostalgie de l’URSS, on se dit que tout n’était pas à jeter ».

Main tendue à la jeunesse

La suite n’a pas été à la hauteur de ses espérances. « Depuis une trentaine d’années, même en faisant le travail sur le terrain, on s’aperçoit ne plus être écoutés », s’émeut Robert. Et ce dernier de pourfendre la période « de l’après-Marchais, celle de la mutation engagée par Robert Hue. On a changé les statuts du Parti. Je n’étais pas convaincu ». Le PCF se serait-il alors engagé dans un processus de social-démocratisation ? « Non, il reste un parti de classe et internationaliste. Je suis profondément persuadé que l’on a raison », poursuit un homme qui se félicite de la candidature de Fabien Roussel à l’élection présidentielle. « Il incarne le renouveau. L’absence de candidats lors des précédentes échéances nous a été préjudiciable. Nous avons perdu en visibilité », commente Robert soucieux à 76 ans de mettre son expérience au service des jeunes. Il « les invite à se réveiller, à arrêter de taper sur leurs tablettes et à réfléchir un peu. Heureusement à Rouvroy où je vis et milite désormais, on a des jeunes qui ont l’air d’en vouloir. Nous ne partageons cependant pas toujours les mêmes méthodes, ni la même façon de voir ».