À Hénin-Beaumont, on n'a pas attendu la Nupes pour faire l’union. © Christophe Blanquart
Dans le Pas-de-Calais

Quel avenir pour la Nupes ?

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 24 juin 2022 à 11:07

Ils se reconnaissent dans des valeurs de gauche. D’aucuns ont accepté de faire campagne sous la bannière de la Nupes. D’autres se sont montrés plus réservés, voire carrément hostiles. Ces militants de terrain livrent leur réflexion quant au devenir de la Nupes.

Marcello Della Franca est bien décidé à poursuivre l’aventure unitaire. « L’union entre le PS et le PCF était déjà une réalité sur le plan communal. L’an dernier à l’élection départementale, elle nous a permis de ravir des sièges au Rassemblement national », rappelle le maire de Montigny-en-Gohelle visiblement satisfait de « la dynamique née avec la Nupes. Si nous étions partis en ordre dispersé, nous n’aurions pas atteint près de 40 % au 2nd tour. Dans la 11e circonscription, les assemblées populaires mises en place pour ces législatives ont vocation à perdurer ». Pour ce membre du conseil fédéral du PS, « il est nécessaire de continuer à travailler ensemble d’autant que le pays pourrait être ingouvernable. Il n’est pas dit que nous ne retournions pas aux urnes d’ici quelques mois ».

Creuser son sillon

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier (EELV) candidate malheureuse face à Marine Le Pen dans cette même circonscription. « Je ne pense pas que cette assemblée tiendra cinq ans. Il y a aura des élections anticipées », lance la militante écologiste. Sur la dynamique unitaire, elle préfère « ne pas réagir à chaud ». Il semble qu’ici toutes les forces composant la Nupes n’aient pas joué le jeu correctement. « Cécile Yosbergue (PS), ma suppléante et moi, deux petites élues locales, qui affrontaient une candidate à l’élection présidentielle… Au début, on nous regardait un peu de haut. Mais la plupart se sont finalement pris au jeu, On a vu arriver des soutiens entre les deux tours, ça nous a fait plaisir. La dynamique de campagne a marché car on a su la faire vivre, parce qu’on se connaissait avant. Localement, je ne vois pas comment on pourrait ne pas la poursuivre », commente la trésorière nationale d’EELV. « À Hénin-Beaumont, on travaille ensemble depuis quelques années. Idem à Carvin. On a mené une campagne à cent à l’heure avec des gens motivés. On va continuer à le faire. C’est une question de bon sens », indique Gianni Ranieri, le secrétaire de section du PCF d’Hénin-Beaumont.

« Un accord mal ficelé »

Dans la 6e circonscription remportée par le RN au détriment de Brigitte Bourguignon, députée sortante et ministre de la Santé, le ton est à la défiance. La désignation comme candidat de la Nupes de Pascal Lebecq (LFI) avait contraint la communiste Patricia Duvieubourg à se présenter avec pour suppléant Jérôme Jossien (Génération·s). À Paris, « on n’a pas tenu compte des besoins de la circonscription ou de l’implantation des personnes qui y militaient déjà », s’indigne-t-elle avant d’indiquer que « les électeurs qui ont voté pour nous, l’ont fait parce que c’était nous. Si nous ne nous étions pas présentés, ils n’auraient pas voté pour la Nupes en partie par rejet de Mélenchon ». Pour cette militante du Boulonnais, l’accord national pour ces législatives « s’est fait trop vite. Il était mal ficelé. Ça ne peut pas continuer comme ça. Chaque parti va reprendre ses billes ».

« S’y prendre autrement »

« L’extrême droite a dix fois plus de députés qu’il y a cinq ans. C’est dramatique ! » lance Raphaël Mequignon. Le PCF l’avait pressenti comme son candidat dans la 1re circonscription, avant que la FI n’impose le sien. « Forcément, avec les camarades du PCF du Ternois, nous étions déçus. Nous avons cependant tracté autour de Saint-Pol-sur-Ternoise. J’ai soutenu la candidature d’Éric Cagnache qui n’a finalement obtenu que 14 % des voix ; ce qui constitue un échec », souligne Raphaël Mequignon soucieux d’« unité sur le plan local car ça correspond aussi à une attente. Mais il faudra s’y prendre autrement et aller convaincre les abstentionnistes d’aller voter. Il faudra retrousser nos manches et faire le pari de contrarier Macron ».