Les habitants d'Avion face à la porte-parole du gouvernement

Un débat républicain sans équivoque

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 25 octobre 2019 à 19:22 Mise à jour le 26 octobre 2019

Savez-vous à quand remonte la dernière visite d’un président de la République à Avion ? En 1889, pour le centenaire de la Révolution française, Sadi Carnot à l’époque avait fait le déplacement. Une information qu’a pu apprendre Madame Sibeth Ndiaye, secrétaire d’État et porte-parole du gouvernement, en visionnant le film historique , court mais dense, plein d’humour et d’émotion préparé par les services de la ville en préambule au débat ce vendredi 18 octobre au Familia.

Une salle comble, un public prêt à débattre, avec des dizaines de questions, toutes plus pertinentes les unes que les autres. Et des points de vue fortement porteurs d’une envie d’humain d’abord. Surtout devant un gouvernement sourd aux colères populaires, et qui semble ne pas vouloir voir les dégâts du libéralisme.

Tous les habitants étaient invités à réagir, un tract avait été mis dans toutes les boîtes aux lettres de la commune dès que la date a été confirmée, et à venir s’inscrire en mairie pour participer à ce débat.

Jean-Marc Tellier et Sibeth Ndiaye face à la salle comble du Familia.
© DR

Jean-Marc Tellier, maire (PCF) de la ville, a enfilé pour un soir le rôle du modérateur dans le débat. Une mission pas simple, mais qui va comme un gant à un édile qui connaît (très) bien sa ville. À peine le temps de saluer le courage de la porte-parole du gouvernement qui a accepté le débat avec la population et les premières questions s’enchaînent.

Et au premier chef, les retraites, avec une intervention de Michel Salingue, enseignant retraité et responsable FSU, qui donne tout de suite le ton : « Je m’interroge sur la volonté de revenir sur un système qui fonctionne ». Sibeth Ndiaye a pris le temps de donner son point de vue sur les arguments exposés, déchaînant une première bronca dix minutes à peine après le début du débat. Le principal doute à propos de la « nouvelle réforme » porte sur la valeur du point, plus qu’incertain. On s’étonnera en passant que la porte-parole du gouvernement mette en garde les participants sur les logiciels d’estimation de retraite. Les responsables du site public lassuranceretraite.fr apprécieront.

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L’émotion est palpable quand une maman souligne les difficultés de son enfant en situation de handicap car l’école publique ne dispose pas des moyens suffisants et que c’est finalement la mairie qui pallie aux carences du ministère, fort heureusement. Et l’hôpital de Lens, dont Jean Letoquart, salarié et représentant syndical, rappelle la réalité du quotidien et les difficultés croissantes, malgré les promesses de l’autorité publique. Là, Sibeth Ndiaye, tournée vers le préfet présent dans la salle, s’est engagée à rester vigilante. Beaucoup moins sûre d’elle face à Raymond Frackowiak voir ici, secrétaire régional du syndicat CGT des retraités des mines, qui rappelle ce que le pays doit aux mineurs et les besoins spécifiques d’une population en matière de santé tout en rappelant la démarche amorcée avec Christiane Taubira sur les mineurs grévistes de 1948. Dommage qu’elle n’ait pas pensé à demander le mémoire qu’avait préparé le militant. Nul doute qu’alors les services des ministères auraient pu lui apporter les réponses qu’elle n’a pas su donner…

Au-delà de l’exercice, dont chacun reconnaît le côté méritoire, cette rencontre avec les citoyens a pu donner à la porte-parole du gouvernement un point de vue direct sur la situation dans une petite ville du bassin minier qui ne s’en laisse pas conter.