© Gisèle Gori
Clinique côte d’Opale

Des salariés qui n’en peuvent plus et une clinique privée qui compte ses profits

Publié le 7 octobre 2022 à 17:20

Les salariés de la Clinique de la Côte d’Opale, à Saint-Martin-Boulogne, sont en grève illimitée depuis le 22 septembre. Ils réclament de meilleures conditions de travail et un salaire digne. Ce mouvement est soutenu par la CGT et le PCF.

Cette clinique privée appartient au groupe Vivalto depuis l’an dernier. Il s’agit du 3ème groupe français de cliniques avec 51 établissements et un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros. Dans un courrier adressé au ministre de la Santé, François Braun, la sénatrice Cathy Apourceau-Poly note que « cette bonne santé économique ne ruisselle pas jusqu’aux salariés et agents de l’établissement. Alors que l’inflation touche indistinctement tous les Français, le groupe se cache derrière le Ségur de la Santé pour ne pas revaloriser les salaires. Le cynisme est particulièrement osé quand on sait que ce sont les deniers publics qui financent le Ségur. » Mais dans son courrier, la sénatrice s’inquiète aussi de la «  gestion en tension de l’établissement  » qui induit un manque chronique de personnel, désorganisant ainsi les services ou poussant les agents à décaler leurs congés. Durant le mouvement, les réquisitions se multiplient parmi les personnes qui se sont déclarées en grève 48 heures plus tôt comme le prévoit un accord d’entreprise. Mais ces réquisitions sont souvent annoncées quelques heures avant la prise de service. Ce n’est évidemment pas de nature à calmer le jeu. Selon un témoignage, les grévistes sont d’autant plus motivés que les exemples de dysfonctionnement abondent. Ainsi, cette nuit de vendredi à samedi où seules une infirmière et une aide-soignante étaient présentes pour 30 patients, dont 17 blocs de jour. Les patients opérés dans la journée nécessitent un suivi plus important. On en arrive ainsi à un épuisement, à du stress, à la crainte de mal faire, à la peur de l’accident. Si la sénatrice Cathy Apourceau rappelle son attachement au service public, elle précise que ne signifie pas le rejet des groupes privés a priori. « Mais, tient-elle à exprimer au ministre, dans ce cadre précis, la lecture financière d’un conseil d’administration qui réunit la BNP, le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel entre autres est incompatible avec la mission de service public qui incombe aux structures de santé. Surtout, on ne peut pas durablement défendre l’hôpital public si on laisse des cliniques privées maximiser les profits en utilisant l’argent public. »