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Un hommage a été rendu à l’ancien mineur de Leforest

Edward Gierek, le bâtisseur

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 22 août 2022 à 13:31 Mise à jour le 5 septembre 2022

Le 30 juillet dernier à Sosnowiec (Pologne), à l’occasion du 21e anniversaire de sa dispa- rition, un hommage appuyé a été rendu à Edward Gierek (1913 – 2001) qui dirigea la Pologne populaire de 1970 à 1980.

500 personnes étaient rassemblées au pied de sa tombe pour honorer sa mémoire : des syndicalistes, des représentants des partis de gauche dont le Parti communiste polonais (KPP), d’anciens officiers de l’Armée populaire, des nostalgiques du socialisme polonais, mais aussi son fils Adam Gierek et des délégations venues de tout le pays et notamment de Silésie où sa popularité reste forte. Le succès de ce rendez-vous annuel ne se dément pas. Au nom du comité d’organisation, Maciek Gadaczek y évoqua le rôle joué par Edward Gierek en faveur de la Paix et de la coexistence pacifique. L’ancien galibot de Libercourt expulsé de France en 1934 suite à la retentissante grève des mineurs de Leforest, a en effet été l’un des instigateurs des accords d’Helsinski d’août 1975. Ceux-ci offraient la perspective d’une ère de « détente » sur le continent. Il est précieux de le rappeler en ces temps de montée des tensions en Europe de l’Est, à l’heure où une Pologne réactionnaire se complaît dans une posture belliqueuse teintée de russophobie.

Une source d’inspiration ?

Sous le règne d’Edward Gierek, le pays a connu un développement sans précédent. On lui doit « la construction de près de 550 usines, la modernisation de l’agriculture et des réseaux énergétiques, la construction de milliers de nouveaux logements » poursuit Maciek Gadaczek. Et ce dernier de fustiger l’attitude de l’extrême droite au pouvoir depuis 2015, qui a placé Edward Gierek sur une « liste noire  » de militants dont il s’agit d’effacer la mémoire. A l’été 1980, Edward Gierek tombait sous les coups de boutoir du syndicat Solidarnosc alors porteur d’idéaux « démocratiques  » et autogestionnaires. Ses dirigeants revendiquaient la transparence de l’information, la liberté d’expression, des salaires indexés sur l’évolution des prix, l’accès facilité aux logements... Des exigences foulées au pied dans le cadre de la restauration du capitalisme forcément synonyme de régression sociale. A l’heure où les poches de pauvreté se répandent dans un pays confronté à une inflation galopante, Maciek Gadaczek propose de tirer les leçons de l’ère Gierek « pour définir de nouvelles orientations socio-économiques ». En tenant compte de « ses réalisations et de ses erreurs ».