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Mutation industrielle

La CGT interroge sur la stratégie dans le bassin industriel dunkerquois

Publié le 16 décembre 2022 à 13:34

Dans un communiqué, que nous publions ci-dessous, l’UL CGT de Dunkerque déplore l’absence de projet industriel durable depuis la fermeture du raffinage. Elle réclame une large table ronde sur le devenir industriel.

Face aux enjeux énergétiques et industriels, il est impératif d’avoir une planification, une stratégie et une cohérence entre les besoins des industriels et les stocks stratégiques, ainsi qu’en terme de produc-tion d’énergie. L’inquiétude est de mise dans un contexte où le sujet de l’énergie est d’actualité depuis plusieurs mois face à la disponibilité des ressources et la flambée des prix. Au vu des annonces du gouvernement sur la décarbonation, sur la construction de nouvelles installations EPR et sur le développement de l’hydrogène, le devenir du site Total Energies - établissement des Flandres à Dunkerque se pose face à nous. En effet, au-delà de la stratégie et du devenir des emplois de Total, c’est la stratégie industrielle globale sur le bassin dunkerquois qui pose question.

Un projet porté par la CGT depuis 10 ans

C’est pour cette raison que les syndicats CGT de Total, EDF Gravelines, ArcelorMittal, Versalis, Aluminium Dunkerque, GPMD (Grand Port Maritime de Dunkerque), entre autres, avec leurs fédérations respectives et leurs unions locales et départementales, ont constitué un collectif pour travailler sur ces sujets. Le projet d’implantation de deux EPR pour la centrale de Gravelines (notamment leur localisation) pourrait impacter les activités actuelles du site des Flandres et donc menacer à terme des emplois. Si la CGT est favorable aux projets d’EPR, il y a lieu de regarder à la complémentarité des projets industriels pour s’assurer qu’ils répondent aux besoins économiques et sociaux du territoire ainsi qu’à une logique de maitrise publique de l’énergie. Il faut rappeler que le syndicat CGT de l’établissement des Flandres porte un projet industriel depuis plus de 10 ans maintenant. L’ambition du projet portait sur le maintien durable de l’emploi, y compris des entreprises extérieures, ainsi que le maintien du savoir et des qualifications. C’est en ce sens que la CGT, avec les salariés, élaborait un projet ambitieux après la fermeture de la raffinerie des Flandres, proposant le développement d’une filière de production d’hydrogène décarboné. La CGT aura été visionnaire puisqu’à aujourd’hui l’actualité énergétique lui donne raison : l’hydrogène est en effet de plus en plus considéré comme une filière énergétique d’avenir et donc comme une véritable alternative. Ce projet conserve donc son sens, sur le plan énergétique, mais aussi dans l’évolution des process industriels. ArcelorMittal, notamment, confirme de gros besoins en hydrogène pour décarboner ses procédés de production et muter vers la voie électrique. Le projet industriel porté par la CGT sur le site de Total permet d’ailleurs non seulement de capter le C02 des hauts fourneaux, mais aussi et surtout de le valoriser (la méthanation). Une voie opposée à celle choisie par ArcelorMittal et ...

Total, qui projettent de l’enfouir en mer du Nord, au large de la Norvège ! L’implantation d’une production d’hydrogène décarboné sur le site Total des Flandres garde donc plus que jamais tout son sens, ouvrant la voie à une véritable complémentarité entre acteurs industriels. À l’inverse, il faut constater que depuis la fermeture du raffinage, aucun projet industriel durable n’a été implanté par TotalEnergies pour garantir l’avenir de tous les emplois dunkerquois. La CGT n’a pourtant eu de cesse de présenter ces dernières années aux directions de TotalEnergies (locale comme générale) des projets industriels qui répondent aux défis environnementaux de demain et qui s’inscrivent dans la transition énergétique.

Pour une table ronde élargie

Ces derniers mois, plusieurs projets industriels ont été annoncés sur Dunkerque. La maitrise publique de cette transformation industrielle est nécessaire, particulièrement sur les questions de choix et de disponibilité de l’énergie, ainsi que sur les questions d’emploi, de formation et de reconversion. Si des commissions nationales de débats publics se sont ouvertes sur plusieurs de ces projets, ces espaces de discussions restent cloisonnés, indépendants les uns des autres. La CGT réclame par conséquent une table ronde, plus large, sur le devenir industriel du bassin dunkerquois. Cette transition énergétique et industrielle nécessite en effet de la cohérence. La stratégie ne peut être laissée aux seules multinationales, d’autant plus au regard des aides publiques considérables octroyées par l’État et la Région. Les salariés, leurs représentants, et la population ont leur mot à dire ! L’énergie est un bien essentiel au même titre que l’eau, la santé ou l’éducation. La politique énergétique doit donc être encadrée et décidée par les salariés et les citoyens. C’est pourquoi la CGT défend l’idée d’un service public de l’énergie regroupant l’ensemble des acteurs du secteur, et permettant l’accès pour tous à une énergie peu coûteuse et durable.

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