Alain Etienne

La rue ne faiblit pas, l’exigence d’un référendum monte...

par Philippe Allienne
Publié le 7 avril 2023 à 12:44

Elle avait promis qu’elle serait « à l’écoute de tous les sujets ». Pourtant, la réunion avec les huit représentants de l’intersyndicale [1] a tourné court au bout de 55 minutes. Elisabeth Borne n’a rien écouté, elle a rejeté. Pour elle, il n’est pas question de retirer l’article phare de la réforme sur les 64 ans. Il n’est pas davantage question de mettre la réforme en pause et de mettre en place une médiation. Le ministre du Travail Olivier Dussopt affirme pour sa part que le gouvernement a bien l’intention de mettre en œuvre le texte sans préjuger, précise-t-il, de la décision du Conseil constitutionnel.

Les syndicalistes sont sortis fort mécontents de cette rencontre. Car, ont-ils déclarés, le retrait de la réforme permettrait de passer aux « vraies priorités » comme « augmenter les salaires ». « Pour la première fois, les salariés de ce pays ont des salaires qui baissent en euros constants », constate l’intersyndicale. D’autres priorités sont tout aussi importantes : améliorer les conditions de travail, traiter de la question environnementale alors que « le capitalisme continue de détruire notre planète. » Si l’Unsa craint un « schisme social » qui produira des « traces indélébiles » après ce refus de la Première ministre de discuter sérieusement, la CGT jurait que la 11ème journée n’aura rien d’un « round final » comme le croit le président Macron. Un représentant de ce syndicat estime qu’Élisabeth Borne a tout simplement « mis une claque à ceux qui ne veulent pas travailler deux ans de plus. » Certes, Emmanuel Macron, qui avait jusqu’ici refusé de recevoir l’intersyndicale promet de le faire prochainement. Laurent Berger a d’ores et déjà accepté de répondre favorablement à sa demande. Quoiqu’il en soit, ce jeudi 6 avril, la mobilisation a montré que la volonté des manifestants demeure intacte. A Lille, ils étaient environ 30 000 qui ont défilé dans le calme et la bonne humeur. « On est là pour l’honneur des travailleurs » les a-t-on entendu chanter tandis que, s’élevant de la foule, une nouvelle pancarte clamait : « Macron et Darmanin, quels Brav-Mecs ! » Dans les autres villes de la région, le succès ne s’est pas démenti. A Boulogne-sur-Mer (notre photo), ils étaient un peu plus de 2000 jeudi matin dont de très nombreux jeunes, venus pour beaucoup du Lycée Édouard Branly qui s’est mis en grève. Malgré le mauvais temps la manifestation, partie du beffroi s’est tenue jusqu’à la gare de Boulogne- Ville où les militants syndicaux organisaient un grand barbecue pour les manifestants. D’autres actions ont émaillé la journée jusque tard le soir. Près de Lillers, un barrage filtrant a été installé entre 6h et 8 h, avant la manifestation de Béthune qui a réuni un peu plus de 1000 personnes. A Amiens, 12 000 personnes ont foulé le pavé dans l’après-midi tandis que le matin des barrages étaient installés sur des ronds-points et à Péronne. La décision du Conseil constitutionnel et l’organisation d’un Référendum d’initiative partagée (RIP) sont ancrés dans toutes les têtes.

A Lille avec les Belges solidaires

Sous les remparts de Péronne

Notes :

[1CGT (Sophie Binet), CFDT (Laurent Berger), FO (Frédéric Souillot), FSU (Benoît Teste), Unsa (Laurent Escure), CFE-CGC (François Hommeril), CFTC (Cyril Chabanier)