Maggie et son équipe prépare le festival Bookstock. ©Jacques Kmieciak
Bruay-La-Buissière.

Le Bookkafé, un bistrot littéro-solidaire

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 26 août 2022 à 15:18

Dans une ville gangrenée par l’extrême droite au pouvoir depuis 2020, Bookkafé relève le défi de porter des valeurs de respect des différences, de partage et de solidarité.

J’aime bien ici parce qu’on y cultive la bienveillance et l’ouverture d’esprit. On y fait de belles rencontres », lance Marga Forteza. Originaire de Majorque en Espagne, elle dit aussi avoir été séduite « par la gentillesse de Maggie ». Maggie Deleglise ? C’est la gérante. De retour d’un séjour au Québec, elle imagine le concept de ce « lieu hybride, un café où l’on ferait du troc, du théâtre et des conférences, diffuserait des documentaires, emprunterait des livres ». Nous sommes en 2015. À l’époque, l’extrême droite est aux portes de la mairie. «  Ce fut un choc pour moi », souligne-t-elle. Cette perspective l’encourage dans sa démarche : « Je voulais que les gens se parlent de nouveau, acceptent leurs différences. » En novembre, la coopérative qui le gère aujourd’hui encore, obtient les clés d’un local municipal occupé jadis « par L’Autrement, un bar sans alcool, une véritable institution  ». D’emblée, la mayonnaise prend. Des bénévoles « intéressés par le projet sont venus nous aider à le transformer en un endroit chaleureux. C’était fou ! Nous comprenions alors qu’il correspondait à une attente. Les gens étaient soucieux de transmettre leurs savoirs  ».

Bookstock, un festival engagé

Conçu comme un espace intergénérationnel, Bookkafé ouvre en avril 2016. Très vite, des ateliers (cuisine, couture, etc.) sont mis en place, un service de restauration est proposé. Les initiatives s’enchaînent : des concerts, des cafés « philo », des causeries autour de la gestion des déchets, de la culture, de la condition ouvrière ou encore de ce... racisme ordinaire qu’exècre tant Maggie qui trouve « Insupportable que l’on puisse juger les gens sur autre chose que des actes ». Elle tire un bilan largement positif de cette expérience, même si elle regrette qu’« aujourd’hui, les habitants ne soient pas davantage force de propositions. Si notre projet ne les intéresse pas, Bookkafé a-t-il encore du sens ? En six ans, les choses ont évolué. Désormais, nous sommes plus dans la consommation que dans le « fabriquons ensemble ». Des réflexions existentielles qui surgissent à l’heure de l’avènement à Bruay d’une extrême droite dont les valeurs sont diamétralement « opposées aux nôtres. On s’est battu contre ça et c’est pourtant arrivé. Ça nous pose question pour la suite ». La suite immédiate, c’est Bookstock, un festival engagé qui s’étend sur deux week-ends (les 9, 10, 30 septembre et 1er octobre). Y participer, c’est aussi une façon d’encourager Maggie et son équipe à poursuivre l’aventure.